Les bureaux de votes étaient pris d’assaut dès 8h heure locale dans les 1486 bureaux de votes répartis sur l’ensemble du territoire. Les Eéquato-guinéens ont voté pour choisir leur président de la République, leurs députés, leurs sénateurs et leurs maires.
Pas une seule élection, présidentielle ou législative, depuis 1979 date de l’arrivée au pouvoir de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, et depuis l'instauration en 1991, du multipartisme, n'a été remportée par l’opposition dans ce petit pays de 28.000 kilomètres carrés, coincé dans le golfe de Guinée entre le Cameroun et le Gabon.
La scène politique équato-guinéenne est ultra dominée par le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), créé en octobre 1987 et dirigé par Obiang Nguema. Des soupçons de fraude ont émaillé chaque scrutin. Et l’ONG Transparency International place même le pays à la 172è place des pays les plus corrompus au monde.
De plus, la réforme constitutionnelle approuvée en 2011, grâce à laquelle Obiang Nguema Mbasogo a pu se représenter aux élections ce 20 novembre pour un sixième mandat, même s’il fête déjà plus de 40 ans au pouvoir, avait provoqué à l'époque de violentes émeutes.
Opposition dispersée
Avec une opposition quasiment inexistante et divisée. Deux candidats se sont présentés face à Obiang Nguema mais chacun a choisi de mener la bataille de son côté. Il s’agit d’Andrés Essono Ondo, du parti Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) et de Buenaventura Monsuy Asumu, du parti de la coalition sociale-démocrate (PCSD), ancien allié du parti au pouvoir. Ces candidats ont déploré le fait que toute leur campagne n’ait pas été diffusée à la télévision publique TVGE. Ils avaient néanmoins lors de la campagne appelé la population à voter contre le président sortant pour selon eux "mettre un terme à la dictature qui a trop duré".
Dans un pays avec une espérance de vie de 55 ans et un taux d’alphabétisation de 30%, selon le CIA World Factbook, 40% de la population estimée à 2 millions d’habitants, vivent en dessous du seuil de pauvreté, d’après des données de la Banque mondiale. Obiang Nguema a opté pour la tactique politique des grandes promesses et la stabilité politique et économique même si le pays est sous assistance du FMI depuis plusieurs années.
La Guinée équatoriale est considérée par la Banque mondiale comme un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et affiche un taux de chômage compris entre 13 et 40 %, qui varie selon les sources. Et le président sortant propose "d'en faire un pays émergent d'ici 2035". Et de "créer 100 000 emplois d'ici 2025".
C’est le deuxième président qui a dirigé la population majoritairement agricole de la Guinée équatoriale depuis son indépendance il y a 54 ans. Obiang Nguema se targue donc d’avoir modernisé le pays à marche forcée et promet de faire de cet État "une grande œuvre".
Ces élections sont sans enjeux, mais les attentes des populations sont grandes. La Guinée équatoriale figure dans le top 5 des pays producteurs de pétrole au sud du Sahara. Mais la manne pétrolière est loin de profiter à tous, selon plusieurs analystes sur place. Même si les militants des différents candidats, aussi bien de la majorité que de l’opposition, reconnaissent tous, ou presque, que le pays a fait un bond en avant en matière de développement, notamment avec la construction d'infrastructures.
Cependant, ils estiment que le chômage persiste et touche toutes les couches de la société, surtout les jeunes. Les électeurs souhaitent donc voir les dirigeants juguler ce fléau. En plus, les Équato-Guinéens subissent également l'inflation et attendent donc des mesures concrètes pour faire baisser les prix des denrées alimentaires.
Succession présidentielle
Mais la grande question qui taraude tous les esprits en Guinée équatoriale, c’est celle de savoir si Obiang Nguema laissera la place à son fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, l’actuel vice-président de la République, son successeur constitutionnel. Une hypothèse très peu probable pour plusieurs observateurs contactés par TRT.
Réélu en 2016 avec 93,7 %, Obiang Nguema qui brigue un nouveau mandat détient le record mondial de longévité des chefs d'État encore en vie hors monarchies.
Sa réélection ne laisse aucun doute, dans un pays où les voix dissonantes ont été étouffées à leur minimum d'expression pendant plus de quatre décennies.
Le principal rival d'Obiang est Andrés Esono Ondo, du CPDS, le seul parti d'opposition qui n'est pas interdit.
Esono Ondo, 61 ans, a été détenu pendant 13 jours au Tchad en 2019 alors qu'il se rendait au congrès d'un parti d'opposition dans ce pays. On l’accusait de complicité dans la tentative de putsch déjouée en 2017 par le régime de Malabo.
Ces dernières semaines, les forces de sécurité ont arrêté de nombreux militants de l’opposition, accusés par le gouvernement de fomenter un "complot" pour mener des "attentats", notamment contre "des ambassades occidentales et des résidences de ministres". Faux, rétorque l’opposition qui crie à la manipulation. Au mois de septembre, Gabriel Nse Obiang Obono, l'un des principaux opposants à Obiang Nguema, avec 1 député à l’assemblée nationale, leader de Citoyens pour l'innovation (CI), et son parti sont interdits depuis 2018 d’exercer en Guinée équatoriale. Cinq de ses militants avaient d’ailleurs perdu la vie au cours de cette descente de la police et 150 autres avaient été incarcérés.
Les bureaux de vote ont été fermés à 17h GMT. Selon les premières tendances rendues publiques par la Commission électorale, le Président sortant serait largement en tête. Les résultats provisoires, seront annoncés vendredi prochain. Et c’est la Cour constitutionnelle qui sera chargée de les valider. La présidentielle et les législatives équato-guinéennes sont à un tour. Les candidats sont élus à la majorité relative et non à la majorité absolue.