Le 14 juillet, des coups de feu ont retenti lors d'un rassemblement de Donald Trump en Pennsylvanie, plongeant la foule dans le chaos tandis que les services de sécurité se précipitaient pour le protéger.
Au milieu du tumulte, Donald Trump s'est relevé pour faire face à la foule, le visage ensanglanté.
Levant un poing fermé - peut-être le moment le plus emblématique des élections de 2024 - Trump a exhorté ses partisans à "se battre, se battre".
Quatre mois plus tard, il fait un retour en force sur la scène politique en remportant une course présidentielle serrée contre son adversaire démocrate, Kamala Harris.
La victoire de M. Trump fait de lui le deuxième président de l'histoire à reconquérir la Maison-Blanche après avoir perdu sa réélection.
Pour ses partisans, M. Trump est un leader inflexible au franc-parler qui défie les structures de pouvoir bien établies. Pour ses détracteurs, il est une figure polarisante dont les actions menacent souvent les normes démocratiques.
Malgré une fin de mandat mouvementée, l'électorat américain l'a rétabli dans ses fonctions, alors même qu'il fait l'objet d'une série d'accusations criminelles- notamment des mises en examen fédérales pour mauvaise manipulation présumée de documents classifiés, obstruction à la justice et tentatives de renverser l'élection de 2020.
Le retour de M. Trump lui confère une influence considérable sur ces affaires judiciaires, puisqu'il devrait rapidement révoquer Jack Smith, l'avocat spécial chargé de superviser les enquêtes fédérales à son encontre, et exécuter ainsi sa menace qu'il le ferait "en deux secondes".
Avec la mise en place de son propre procureur général, M. Trump pourrait voir ces accusations rejetées.
La campagne de M. Trump pour un second mandat s'est articulée autour d'un large éventail de plus de 40 engagements, allant des déportations massives à la suppression du financement des écoles qui enseignent la théorie critique de la race et les questions relatives aux transsexuels.
Le retour de M. Trump dans le bureau ovale marque la poursuite d'un parcours politique peu conventionnel.
Le parcours de Donald Trump
Avant d'entrer en politique, Donald Trump était un homme d'affaires et une personnalité de la télévision, le seul président à n'avoir jamais eu d'expérience militaire ou gouvernementale.
Né en 1946, il a hérité de l'empire immobilier de son père, qu'il a transformé en la très médiatisée Trump Organization grâce à ce qu'il a décrit comme "un petit prêt d'un million de dollars".
Il s'est fait connaître au début des années 2000 en tant qu'animateur de l'émission The Apprentice, se forgeant une image d'homme d'affaires avisé et sans état d'âme.
M. Trump a lancé sa carrière politique en 2015 en promettant de "rendre sa grandeur à l'Amérique" en luttant contre l'immigration, en relançant l'industrie manufacturière américaine et en "asséchant le marais" par la réduction de l'influence des lobbyistes à Washington.
Il a promis d'abroger l'Affordable Care Act (ACA), la principale loi sur les soins de santé du président Obama, qu'il a décrite comme coûteuse et contraignante pour les Américains, et de retirer les États-Unis de l'accord de Paris de 2015 sur la crise climatique qu’il considère comme économiquement désavantageux.
Lorsqu'il est entré en fonction, M. Trump a adopté une série de politiques d'immigration controversées, notamment la séparation des familles à la frontière, l'interdiction de voyager dans plusieurs pays à majorité musulmane et des mesures restrictives en matière d'asile.
Son programme "L'Amérique d'abord", marqué par des positions dures en matière d'immigration, des politiques commerciales rigoureuses et un scepticisme à l'égard des alliances mondiales, a touché une corde sensible chez des millions de personnes. Ce message, ainsi que son style sans fard, l'ont propulsé vers une victoire inattendue en 2016.
Sa gestion de la pandémie de COVID-19 est devenue un autre point de discorde, les critiques l'accusant de minimiser la gravité du virus et de soutenir des traitements qui n'ont pas fait leurs preuves.
Politique étrangère
En matière de politique étrangère, le soutien sans équivoque de Trump à Israël est devenu une caractéristique de son administration.
En 2017, il a créé un précédent diplomatique américain en déplaçant l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, une décision qui a provoqué d'importantes réactions internationales.
Ne se contentant pas de défendre des politiques pro-israéliennes, il est allé plus loin en reconnaissant l'annexion illégale par Israël du plateau du Golan occupé et en négociant les accords d'Abraham, qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs États arabes.
Si ses partisans ont salué ces mesures comme un soutien audacieux à un allié clé, ses détracteurs ont affirmé qu'elles alimentaient les tensions régionales et mettaient en péril les objectifs de longue date des États-Unis au Moyen-Orient.
Son approche de la diplomatie s'est également étendue à la Corée du Nord, M. Trump devenant le premier président américain en exercice à rencontrer son dirigeant, Kim Jong-un, dans le but de négocier la paix et d'aborder la question du désarmement nucléaire.
Malgré ces engagements très médiatisés, aucun accord concret n'a été conclu.
Le dernier chapitre du premier mandat de Donald Trump a été dominé par les événements du 6 janvier 2021. Non content de proclamer publiquement que l'élection avait été "volée", il a exhorté lors d'un rassemblement près de la Maison Blanche le 6 janvier ses partisans à "se battre comme l'enfer".
Quelques heures plus tard, des milliers de partisans de Donald Trump ont pris d'assaut le Capitole pour tenter d'empêcher la certification officielle de la défaite électorale du président républicain, causant des millions de dollars de dégâts.
L'attaque, qui a fait 5 morts et 140 blessés, a choqué le monde entier.
Le rôle de Trump dans cette invasion du Capitole a conduit à sa deuxième destitution, faisant de lui le seul président à être confronté à cette action à deux reprises.
Le deuxième mandat : le tranchant aiguisé
De retour au pouvoir, Donald Trump réitère lors de sa campagne son intention de mettre en œuvre les politiques qui ont marqué son précédent mandat.
Parmi ses principales priorités figurent le lancement de ce qu'il a appelé la "plus grande opération d'expulsion" de l'histoire des États-Unis, l'annulation des mesures d'incitation en faveur des véhicules électriques qui, selon lui, menacent l'industrie automobile américaine, et le démantèlement de l'Obamacare, que son vice-président, JD Vance, a qualifié de "coûteux et de mauvaise qualité".
Dans le domaine des affaires étrangères, M. Trump soutient fermement Israël, dont il se présente comme le "protecteur", tout en mettant en garde les électeurs juifs pro-israéliens contre le soutien à M. Harris.
Il est intéressant de noter qu'un changement de soutien de la part des électeurs musulmans - mécontents de la manière dont l'administration Biden a géré la guerre d'Israël contre Gaza - pourrait avoir fait pencher la balance en faveur de Trump dans les États clés.
Alors que ce magnat de l’immobilier s’apprête à faire son entrée à la Maison Blanche, c’est un nouveau chapitre de gouvernance à forts enjeux qui s’ouvre pour les Américains sous la houlette de leur président le moins conventionnel.