Discussions sur la réforme des retraites, quand et comment ?
Les partenaires sociaux ont été invités au ministère du Travail pour une première réunion ce vendredi pour préparer les négociations sur la réforme des retraites promises par le nouveau Premier ministre.
Les Français sont descendus dans la rue par millions pendant des semaines pour dire non à cette réforme. Elisabeth Borne alors Première ministre a fait passer la réforme avec un 49.3 (Others)

La réunion devait avoir lieu et puis semblait avoir été reportée au gré des changements de modalités de la concertation proposée par François Bayrou.

"C'était une réunion très intéressante et, de mon point de vue, très encourageante", a déclaré le Premier ministre à la sortie de la discussion. Il a fixé la date butoir pour un accord à fin mai.

Cette prise de contact a servi à définir le cadre des futures discussions qui ne commenceront qu’après le résultat de la mission flash de la Cour des comptes sur l’état du financement du système de retraite actuel.

Depuis le discours de politique générale du Premier ministre, on sait seulement qu’il va y avoir une concertation avec les partenaires sociaux, dont les syndicats, ce que le gouvernement d’Elisabeth Borne avait omis de faire au moment de la discussion de la réforme.

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Mais on n’en sait pas plus sinon que la concertation va durer trois mois, après que la Cour des Comptes a fait un point de situation sur ce que coûte le système des retraites français aujourd’hui à l’Etat. Le rapport doit être rendu le 19 février prochain.

Une guerre des chiffres est donc inévitable. Le Conseil d’orientation des retraites estime qu’il y a un déficit de 6,1 milliards d’euros alors que François Bayrou annonçait, lors de son discours de politique générale, un déficit de 55 milliards. Manifestement, les deux estimations ne se reposent pas sur les mêmes bases de calcul

Le Premier ministre a émis une seule ligne rouge: la révision de la réforme de 2023 ne devra pas"dégrader l'équilibre financier" du système, a averti François Bayrou.

Un déficit de 6,1 milliards ou 55 milliards ?

Les syndicats et le patronat vont donc se retrouver face à face, avec les premiers qui rejettent l’âge du départ à la retraite à 64 ans et les seconds qui défendent un système de retraite par capitalisation.

Cependant, au sein même des syndicats, les positions divergent. S'ils s’opposent fermement à l'âge de départ à 64 ans, des tensions ont émergé par la suite et l’intersyndicale, créée pour mener les manifestations contre la réforme des retraites, pourrait ne pas tenir bien longtemps.

Lors de cette entrevue, "les organisations syndicales se sont toutes prononcées pour dénoncer les 64 ans", l'âge légal de départ prévu par la réforme, a expliqué Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, à la sortie de la réunion.

Marylise Léon, la patronne de la CFDT considère cette discussion comme une "opportunité inédite" qu'il faut "saisir". Dans une interview accordée au journal Libération, elle estime que cette démarche est une reconnaissance que cette réforme est socialement injuste.

De son côté, François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, espère que "les partenaires sociaux pourraient être au rendez-vous de l'Histoire".

Au sujet de cette réforme, Laurent Berger, l’ancien secrétaire général de la CFDT déclarait en 2023, “la réforme portée par le gouvernement est une réforme des comptes publics, pas des retraites. Et ce sont les travailleurs et les seuls travailleurs qui sont mis à contribution avec le report de l’âge de la retraite.”

Une année plus tard, avec une dette publique de 3 159,7 milliards d’euros début 2024, soit environ 112 % du PIB (INSEE), le gouvernement Bayrou risque de restreindre les marges de manœuvre des partenaires sociaux.

TRT Français et agences