La ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a annoncé qu'elle ne se rendrait pas à la COP29 en réaction aux déclarations du président azerbaidjanais Ilham Aliev, concernant les crimes coloniaux de la France.
Ainsi, aucun membre du gouvernement français ne sera présent à la grande conférence sur le climat, dont l'un des principaux enjeux porte, cette année, sur la finance climatique.
Le président Emmanuel Macron ne figurait pas, mardi, parmi les dizaines de dirigeants venus prononcer des discours à Bakou.
L'Azerbaïdjan, dont les relations avec la France sont très tendues en raison du soutien français à l’occupation arménienne du Karabakh, a été accusé par Paris d'ingérence pendant les récentes émeutes en Nouvelle-Calédonie, des allégations rejetées par Bakou.
Dans un discours à la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réitéré, mercredi, ses propos contre Paris, dénonçant l'histoire coloniale de la France et parlant de "crimes" du "régime du président Macron" dans ses territoires d'outre-mer.
Devant des représentants d'Etats insulaires, dont une partie l'ont applaudi, il a accusé le "régime du président Macron" d'avoir "tué 13 personnes et blessé 169 personnes (...) pendant les légitimes protestations du peuple kanak en Nouvelle-Calédonie".
"Après tout ça, la France n'a pas été dénoncée, ni par la Commission européenne, ni par le Parlement européen", a tonné le président de l'Azerbaïdjan.
Depuis Paris, la ministre française a jugé "inacceptables" ces propos "contre la France et contre l'Europe", devant les sénateurs.
Lors de la séance de questions au gouvernement, Mme Pannier-Runacher a reproché à l'Azerbaïdjan d'instrumentaliser "la lutte contre le dérèglement climatique pour un agenda personnel indigne".
Ces propos constituent, selon elle, une "violation flagrante du code de conduite" de la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, a accusé Pannier-Runacher.
"Les attaques directes contre notre pays, ses institutions et ses territoires sont injustifiables", a-t-elle fustigé, ajoutant que "les propos tenus par l'Azerbaïdjan en faveur des énergies fossiles sont également inacceptables".
"Je ne me rendrai pas à Bakou la semaine prochaine", a annoncé Pannier-Runacher, applaudie par les membres de la chambre haute du Parlement français.
“Pas sans réponse”
Il y a une semaine encore, malgré les "relations complexes, compliquées, en langage diplomatique, avec l'Azerbaïdjan", la ministre de la Transition écologique avait pourtant souligné : "Nous ne ferons pas la politique de la chaise vide parce que c'est faire la politique de nos opposants", "laisser la place à ceux qui pourraient pousser un accord contre le climat, pour les énergies fossiles, contre l'Europe et contre la France".
"Les équipes de négociation françaises ne ménageront pas leurs efforts, avec mon appui à distance et en lien avec nos partenaires européens pour protéger la planète et nos populations", a assuré, mercredi, la ministre.
Selon son cabinet, l'équipe de négociateurs comprend une quarantaine d'experts.
"Nous continuerons à plaider pour le plus haut niveau d'ambition dans la mise en œuvre de l'Accord de Paris" de 2015, "dont nous sommes les gardiens", a-t-elle assuré.
Elle a assuré que les attaques du dirigeant azerbaïdjanais "ne resteront pas sans réponse".
Les tensions entre la France et l'Azerbaïdjan se sont exacerbées depuis la reprise de contrôle de l'enclave du Haut-Karabakh par Bakou à l'issue d'une opération éclair, en septembre 2023.