Il y a 107 ans, Arthur Balfour, alors ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, rédigea une lettre à Walter Rothschild, un des principaux représentants du sionisme au sein de la communauté juive britannique. Cette lettre, qui n’avait aucun statut juridique à l’époque, est aujourd’hui mondialement connue sous le nom célèbre de Déclaration Balfour.
Dans cette déclaration, Balfour affirme que le gouvernement britannique s’engage à faciliter l’établissement en Palestine d’un "foyer national" pour le peuple juif. Toutefois, ce concept de foyer national a été interprété et réalisé par les sionistes comme un État, déclenchant ainsi un bouleversement profond dans la vie des Palestiniens.
Le Projet Ouganda
En 1903, Joseph Chamberlain, alors secrétaire colonial britannique, avait proposé aux sionistes le plateau de Guas Ngishu, situé en Afrique de l’Est, près de Nairobi, comme lieu potentiel pour une colonie juive sous administration britannique. Ce projet, surnommé le "Projet Ouganda", visait à offrir un refuge aux juifs victimes des pogroms antisémites en Russie.
La région proposée était jugée favorable en raison de son isolement relatif au sein de la forêt de Mau. Cependant, lors d’un congrès sioniste en 1905, les dirigeants sionistes rejetèrent cette proposition et continuèrent de revendiquer un foyer en Palestine, alors partie de l’Empire ottoman.
Lorsque la Grande-Bretagne déclara la guerre à l’Empire ottoman en 1914, les sionistes virent une opportunité stratégique et intensifièrent leur lobbying en faveur d’un foyer en Palestine. À travers ses manœuvres politiques de l’époque, le Royaume-Uni cherchait à affaiblir l’Empire ottoman et à intégrer certaines de ses terres dans l’Empire britannique, ce qui contribua à l’issue de la Déclaration Balfour de 1917.
En conséquence, des milliers de Juifs européens commencèrent à émigrer vers la Palestine. Dans les années 1930, certains groupes armés juifs entreprirent des actions violentes contre les Palestiniens et les déplacèrent de leurs terres.
La connexion chimique
Arthur Balfour, homme politique britannique, est souvent associé à son soutien indéfectible au sionisme. Après avoir été Premier ministre jusqu’en 1905, il occupa le poste de ministre des Affaires étrangères de 1916 à 1919. En 1906, Balfour fit la rencontre de Chaim Weizmann, un chimiste d’origine russe et fervent sioniste établi en Angleterre, et fut profondément impressionné.
Weizmann, qui s’était installé en Angleterre après avoir accepté un poste à l’Université de Manchester en 1904, devint célèbre en développant une méthode permettant d’extraire l’acétone à partir du maïs. Ce composé chimique, essentiel pour la fabrication de munitions, était devenu crucial pour l’armée britannique en 1916, au plus fort de la Première Guerre mondiale. L’acétone était notamment utilisée pour masquer la fumée et les gaz dégagés par les tirs d’artillerie, rendant plus difficile la localisation des canons.
La Déclaration Balfour aurait été en partie une reconnaissance des contributions de Weizmann à l’effort de guerre britannique. Weizmann deviendra plus tard le premier président d’Israël.
Le souvenir de cette invention résonne encore douloureusement pour les Palestiniens, car la guerre actuelle d’Israël à Gaza, au 393ème jour, a causé la mort de plus de 43 259 personnes, en a blessé plus de 101 820, et environ 10 000 personnes sont encore portées disparues sous les décombres.