"La réalité de tout le pays, ce n'est pas seulement ceux qui font du bruit avec des casseroles ou qui râlent", a déclaré devant des journalistes le chef de l'Etat, arrivé en début d'après-midi dans le village de Muttersholtz, dans l'est du pays.
"Vous me reverrez toujours avec les gens", a ajouté le président, "je n'ai pas le droit de m'arrêter", a-t-il poursuivi, dans une usine spécialisée dans la construction en bois.
Il s'est rendu dans cette entreprise sans passer à proximité des manifestants munis de casseroles qui l'attendaient.
Le chef de l'Etat, dont la popularité a été entamée par sa décision de faire adopter la réforme des retraites par une procédure sans vote, faute de majorité à l'Assemblée nationale, veut reprendre un contact direct avec la population après trois mois de contestation. Outre sa visite en Alsace mercredi, il a prévu un déplacement jeudi dans le sud-est de la France.
Mais une fois de plus, il a été accueilli par des manifestants hostiles.
En fin de matinée, les gendarmes avaient repoussé une petite centaine de manifestants installés dans le centre du village et équipés de casseroles, de cornes de brume ou de cloches. Des contestataires se sont allongés au sol avant d'être emmenés par les forces de l'ordre.
"La démonstration est faite, l'appel à manifester était pacifique (...) Quand un président a peur à ce point de son peuple (il faut) qu'il se pose des questions sur sa réelle légitimité", a lancé Bertrand Blindauer, du syndicat CGT.
L'intersyndicale opposée à la réforme des retraites avait invité mardi à protester bruyamment contre la venue du chef de l'Etat.
Certains manifestants portaient des pancartes indiquant "Jupi dégage", allusion au surnom de "Jupiter" donné au président pour sa conception verticale du pouvoir ou encore "tes 100 jours c'est sans nous", en référence aux 100 jours que s'est donné lundi soir M. Macron pour apaiser le pays et lancer de nouveaux chantiers de réforme.
Mardi soir, un déplacement privé du chef de l'Etat à Saint-Denis, près de Paris, avait déjà attiré quelque 300 manifestants.
Plusieurs membres de l'exécutif ou de l'entourage présidentiel incitent cependant Emmanuel Macron à renouer avec les Français sur le terrain.
"C'est important" qu'il fasse des déplacements dans les territoires, a dit l'un de ses proches, le ministre des Transports Clément Beaune, se réjouissant qu'il "puisse être sur le terrain" pour "entendre un certain nombre de ces revendications aussi".
Depuis la présentation de sa réforme des retraites en janvier, le président était resté en retrait à l'Elysée, effectuant peu de déplacements dans le pays.