A Ouagadougou, c’est à la Place de la nation que des milliers de manifestants se sont rassemblés répondant ainsi à l’appel de la Coordination nationale des organisations de la société civile du Burkina Faso (CNOSC-BF) pour soutenir les autorités de la transition et dire "Oui à un changement constitutionnel à l’image des réalités burkinabè", selon le porte-parole de la coordination Ghislain Dabiré.
"Notre souveraineté ne doit plus être partielle, mais totale et non-négociable. Oui à un changement constitutionnel à l’image des réalités burkinabè (…) Restons mobilisés et en alerte maximale jusqu’à la victoire totale, car c’est maintenant ou jamais que la réelle adversité impérialiste commence", a-t-il lancé dans son discours.
"C'est l'occasion pour nous également, de réaffirmer à l'opinion nationale et internationale que la légitimité du capitaine Ibrahim et de son gouvernement, tire sa source du peuple burkinabè, et ce, parce que nous nous reconnaissons dans leurs prises de décision et celles-ci répondent aux aspirations profondes de notre peuple", a ajouté Dabiré.
Il a fustigé le comportement de certaines organisations régionales et internationales, en l’occurrence, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l'Union européenne et "les politiques françaises de déstabilisation et de diabolisation du Burkina Faso, ainsi que d’autres nations africaines".
Sur les multiples pancartes et autres supports, on pouvait lire "Oui à la relecture de la Constitution", "Non à la politique française", "Ne touchez pas à notre transition", "Non aux valets locaux et à leurs politiques internes de déstabilisation".
Une nouvelle Constitution comme au Mali
Lors du meeting de Ouagadougou, les organisateurs ont été soutenus par des responsables de la société civile venus du Congo, du Mali, de Guinée et de France.
"Nous venons tout récemment de finir avec le référendum et nous invitons le peuple frère du Burkina à aller vers une nouvelle Constitution, cette Constitution qui va renforcer notre souveraineté et notre dignité", a lancé à la foule, l’activiste malien Adama Diarra, alias "Ben le cerveau".
De plus en plus, le Premier ministre burkinabè Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla émet l’idée d’une nouvelle Constitution au Burkina Faso.
Le 12 juin dernier, à l’issue d’une audience accordée au Médiateur du Faso, le chef du gouvernement burkinabè avait déclaré : "Jusque-là, nous avons une vision carrée car notre Constitution est une copie de la Constitution française. La Constitution actuelle est en déphasage de nos réalités. La démocratie diffère d’un État à un autre. Les Occidentaux ont construit leur Constitution en fonction de leur histoire. Il nous faut donc un retour à nos racines".
Plusieurs autres localités à l’intérieur du Burkina Faso ont organisé des manifestations samedi, en faveur de la transition et de ce projet de Constitution.
À Bobo-Dioulasso, dans la capitale économique à 360 km à l’Ouest de Ouagadougou, des milliers de personnes s’étaient rassemblées à la Place Tiéfo-Amoro pour saluer le projet de nouvelle Constitution annoncé par la transition.
Devant les manifestants, le porte-parole Joseph Bado a expliqué que le Burkina Faso a besoin d’une nouvelle Constitution "en phase avec les réalités de notre peuple".
Des villes comme Ouahigouya (Nord), Fada N’Gourma (Est), Banfora et Tuy (Ouest) ont également organisé samedi des manifestations de soutien à la transition.
La crise sécuritaire que vit le Burkina Faso depuis 2015 a provoqué le déplacement de près deux millions de personnes, parmi lesquelles plus de 125 227 personnes sont retournées récemment dans leur localité d’origine, selon le gouvernement burkinabè.
S’adressant fin mai dernier aux députés, le chef du gouvernement Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, a déclaré qu’actuellement l’État burkinabè contrôlait 65% de son territoire et que les forces de défense et de sécurité sont engagées dans la reconquête de l'intégralité du territoire.