La présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a été reçue lundi matin par le Premier ministre Michel Barnier, n'a pas exclu de voter avec la gauche pour la censure du gouvernement, si le projet de budget de 2025 reste en l'état.
Michel Barnier reçoit tous les chefs de groupes parlementaires cette semaine pour essayer d’assurer un vote de son budget.
"Si le budget reste en l'état, nous l'avons toujours dit, nous voterons la censure", a-t-elle déclaré.
"J'ai répété au Premier ministre pour la énième fois les lignes rouges qui sont les nôtres. Les mesures envisagées contre le pouvoir d'achat des Français ne sont pas admissibles pour nous, alors que les économies nécessaires, notamment sur l'immigration, ne sont pas réalisées", a-t-elle martelé, soulignant qu'elle avait rappelé, à cette occasion, les limites à ne pas dépasser.
"Nous avons parlé de tous les sujets d'importance : le budget, la mise en place de la proportionnelle, la situation de l'agriculture et l'accord avec le Mercosur", a-t-elle poursuivi, notant que Barnier n'avait pas montré des signes de flexibilité.
"Michel Barnier crée les conditions d'une censure", a également estimé Jordan Bardella, le président du RN, rejoint par son vice-président Sébastien Chenu sur la chaîne LCI.
"Jusqu'à présent, on avait une opposition de style entre la gauche et le RN", observe le chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Olivier Costa. "La gauche souhaitait censurer le gouvernement Barnier dès que possible, l'estimant illégitime, alors que l'extrême droite souhaitait le laisser œuvrer pour s'afficher en parti responsable".
"Pour la première fois depuis que Barnier est en poste, il y a un risque réel d'avoir une motion de censure contre lui", remarque-t-il.
"Désordre et chienlit"
Le texte du budget 2025, en vertu duquel le gouvernement prévoit des économies de 60 milliards d'euros pour réduire le déficit public sous la barre de 3 % du PIB, a été rejeté en première lecture à l'Assemblée nationale. alors que
Le vote de la motion de censure pourrait intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, si le gouvernement force l’adoption de son budget décrié en ayant recours à l'article 49.3 de la Constitution - qui lui permet de faire passer un texte sans vote faute de majorité à l'Assemblée.
"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", parce qu'"il n'existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement", a aussi alerté le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.
La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a de son côté évoqué dans le quotidien Le Parisien le risque d'"un scénario à la grecque" pour la France, la censure du budget pouvant, selon elle, plonger le pays dans une crise financière.
Le Premier ministre recevra également Mathilde Panot (La France insoumise), Stéphane Lenormand ( Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, Liot) et Eric Ciotti (Union des démocrates pour la République, UDR).