Le Patio qui abrite l’enseignement des Sciences humaines est bloqué depuis 8 heures ce matin avec des poubelles et des barrières. Les cours n’auront donc pas lieu ce 7 octobre, un an après l’attaque du Hamas, choisi par le comité Palestine pour dénoncer la situation en Palestine.
Les étudiants ont tagué sur l’un des murs “un an de génocide, un an de résistance”. Une banderole rappelle que “Coloniser est un crime, Résister est un droit”. Des mots chocs lancés dans cette ville qui abrite la seconde plus importante communauté juive de France. Cette communauté compte environ 2000 familles et soutient largement la guerre à Gaza.
L’université aurait déposé plainte après avoir constaté des tags selon BFMTV.
Un comité Palestine boycotté par la direction de l’université ?
La quinzaine d’étudiants maintient le blocage en fin de matinée. Selon eux, la police est passée puis s’est retirée tandis que la direction de l’Université a fait savoir qu’elle n'engagera pas de dialogue avec les manifestants. L’ambiance est à l’observation pour l’instant.
Judith, étudiante en biologie, est parmi les organisateurs de cette action. Plusieurs syndicats étudiants soutiennent le comité comme la FSE, la Fédération syndicale étudiante mais la jeune femme insiste le comité Palestine rassemble depuis un an des étudiants syndiqués et non syndiquées de tous horizons. Pour elle, “c’est important de faire entendre la voix palestinienne ce jour anniversaire. Je soutiens un peuple opprimé, on dénonce le colonialisme.”
Judith assure que les autres étudiants acceptent plutôt bien les actions menées par le comité Palestine, comme les trois semaines de campement pour la Palestine en mai dernier.
Mais des tensions existent. En février dernier, trois étudiants juifs qui collaient des affiches avec les visages des otages ont tout de même été attaqués. Le comité Palestine a également dû organiser en dehors du campus un débat avec des médecins qui revenaient de l’enclave palestinienne faute d’avoir eu le feu vert de l’université.
Des tensions sur le campus entre pro et anti-Palestine
L’université essaie, répète interview après interview, depuis une année de maintenir “un espace de dialogue” sur le campus. Et la direction a décidé d’ajouter sur le site de l’établissement un espace qui permettra à tout étudiant de dénoncer des faits d’antisémitisme ou de racisme.
Selon Judith, militante du comité Palestine, les tensions sont à la marge. Elle insiste et regrette que les accusations d’anti-sémistime soient venues de la direction de l’Université ou de certains responsables de l’encadrement.
“Ils disent que nous ne sommes pas matures et qu’on ne comprend pas la situation. Auprès des étudiants, nous faisons beaucoup d’explications, on explique la différence entre antisionisme et anti-sémitisme. Nous, on ne dénonce que la politique d’Israël.”
Le comité Palestine appelle à un rassemblement à 17h30 devant la direction de l’université. Il demande l’arrêt des coopérations entre Israël et l’université. Unistra (l’Université de Strasbourg) a développé depuis 2020 une mobilité internationale de crédits avec l’université israélienne Bar-Ilan située dans la ville de Ramat Gan. Le site de l’université indique des coopérations avec l'université hébraique de Jérusalem, ou encore avec le Technion, l’Institut de technologie d'Israël dans le domaine de l’Intelligence Artificielle.
Une heure plus tard, une cérémonie aura lieu au centre ville de Strasbourg en mémoire des victimes du 7 octobre et pour les otages encore détenus par le Hamas à l’appel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et du Consistoire israélite du Bas-Rhin.