Aysenur Ezgi Eygi, militante pacifiste turco-américaine, se tenait pacifiquement dans une oliveraie en Cisjordanie occupée, une terre où des générations de Palestiniens ont versé leur sang et leurs larmes, lorsqu'elle a été abattue par un tireur d'élite israélien.
Elle se trouvait à Beita, dans la région de Naplouse, pour protester contre les colonies israéliennes illégales implantées dans la ville.
Jonathan Pollack, un autre militant qui se trouvait avec elle samedi, se souvient avoir entendu deux tirs distincts à balles réelles. Le premier tir a touché un objet métallique avant d'atteindre un jeune homme du village à la cuisse. Après le second tir, des appels à l'aide ont retenti.
"J'ai couru à reculons dans les oliveraies et je l'ai trouvée allongée sur le sol sous un olivier, se vidant de son sang", se souvient-il.
L'autopsie d'Eygi a confirmé qu'elle avait été tuée par une balle tirée par un sniper qui a visé spécifiquement sa tête, selon le gouverneur de Naplouse, Ghassan Daghlas.
Dans un communiqué, sa famille, qui a exprimé son “choc et son chagrin, a déclaré que sa vie avait été "inutilement, illégalement et violemment prise par l'armée israélienne".
Elle venait d'être diplômée de l'université de Washington, où elle avait étudié la psychologie et les langues et cultures du Moyen-Orient.
Solidarité avec les civils palestiniens
Ses proches ont décrit Eygi comme quelqu'un qui ressentait "une profonde responsabilité de servir les autres et qui a consacré sa vie à agir pour porter assistance aux personnes dans le besoin. Toute sa vie, elle a été une militante passionnée des droits de l'homme".
Eygi était active sur le campus où elle a participé à des manifestations organisées par des étudiants en faveur de la dignité humaine et de la fin de la violence contre le peuple palestinien.
"Aysenur s'est sentie obligée de se rendre en Cisjordanie pour se solidariser avec les civils palestiniens qui continuent à subir la répression et la violence", a confié sa famille.
Malgré les dangers connus du voyage en territoire occupé, Eygi était déterminée à montrer son soutien à la cause palestinienne. Elle est arrivée en Cisjordanie mardi pour se porter volontaire auprès du Mouvement de solidarité internationale (ISM) dans le cadre d'un effort visant à soutenir et à protéger les agriculteurs palestiniens.
La jeune fille est née à Antalya, en Turquie, en 1998. Elle a été tuée à l'âge de 26 ans.
Elle était "forte, belle et nourrissante", comme "l'olivier sous lequel elle a rendu son dernier souffle", a confié sa famille.
Appel à la responsabilité
Le département d'État américain a confirmé l'assassinat de la militante pacifiste bénévole de l'ISM, un groupe anti-occupation dirigé par des Palestiniens, et a indiqué qu'il recueillait davantage d'informations sur les circonstances de sa mort.
La famille d'Eygi a demandé à l'administration Biden d'ouvrir une enquête indépendante sur son assassinat.
"Nous nous félicitons de la déclaration de condoléances de la Maison Blanche, mais étant donné les circonstances du meurtre d'Aysenur, une enquête israélienne n'est pas adéquate", a déclaré la famille dans un communiqué, appelant à ce que “les coupables répondent pleinement de leurs actes”.
L'armée israélienne a reconnu les tirs, mais a affirmé que ses forces répondaient à une "activité violente". Les témoins racontent une histoire différente.
Des témoins ont rapporté que des soldats israéliens avaient ouvert le feu sur un groupe participant à une manifestation condamnant les colonies illégales sur le mont Sbeih à Beita, au sud de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Ils ont déclaré qu'Eygi se tenait à l'écart de la principale zone de protestation lorsqu'elle a été mortellement touchée. Transportée d'urgence à l'hôpital voisin, elle a été déclarée morte à son arrivée.
L'ISM affirme que Eygi avait été "délibérément visée" par le tireur israélien, comme en témoigne Mariam Dag (un pseudonyme), qui est également bénévole au sein de l'organisation.
Jonathan Pollack, un autre témoin du meurtre et un activiste israélien qui a participé à des manifestations contre les colonies illégales, a déclaré que le soldat qui a tiré sur Eygi "avait une ligne de mire claire sur elle".
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a déclaré que l'assassinat d'Eygi était "le résultat direct de la mise en œuvre des instructions" des politiciens israéliens visant à tuer des Palestiniens et des militants.
Le ministère a tenu le gouvernement israélien pour entièrement responsable de ce crime qui confirme ses plans prédéterminés de faire monter la tension pour couvrir ses projets coloniaux dans les territoires occupés.
Pour le ministère turc des affaires étrangères, la mort d'Eygi est un "meurtre" commis par le gouvernement de Benjamin Netanyahu.