Le monde peut bien grogner, Israël, elle, est passée à l’acte. L'armée israélienne a déjà démoli le bureau de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans le camp de réfugiés de Nur Shams, dans la ville de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.
“Les bulldozers israéliens ont détruit le bâtiment d’où l'agence de l'ONU gère les besoins quotidiens des résidents”, a déclaré Nehad al-Shaweeh, qui dirige un comité de service local dans le camp, cité par Anadolu.
La démolition a eu lieu trois jours après l’adoption par la Knesset d’une loi interdisant à l'UNRWA d'opérer, ce qui revient à condamner la grande majorité de la population de la bande de Gaza, de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est qui dépend exclusivement de ses structures pour survivre.
La loi entrera en vigueur dans 90 jours.
Le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a qualifié la décision israélienne qui entre en vigueur dans 90 jours d’acte “sans précédent et dangereux”, et de violation de la Charte de l’Onu.
Le camp de Nur Shams compte deux écoles et un centre de santé gérés par l'UNRWA, indique l'agence de presse palestinienne Wafa.
La Ligue arabe interpelle l’ONU
La Ligue arabe a convoqué, jeudi, une réunion d’urgence pour réclamer une résolution de l’ONU rejetant l’interdiction par Israël des activités de l’Unrwa, qu’elle a qualifiée "d’arbitraire".
Une session extraordinaire du Conseil de la Ligue des États arabes au niveau des délégués permanents au Caire, s’est tenue à la demande de la Jordanie pour discuter de la réponse arabe à l'approbation récente par la Knesset (Parlement) israélienne de l’interdiction des activités de l'Unrwa.
Le Conseil de la Ligue a appelé à la tenue d’une session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies, organe qui avait pris la décision de créer l’Unrwa, pour examiner “les répercussions de cette dangereuse loi israélienne et de publier une résolution de l’ONU qui inclut le rejet de cette action israélienne illégale".
Dans sa décision, le Conseil a souligné la nécessité de "continuer à fournir un soutien politique et financier nécessaire à l'Unrwa afin que l’agence puisse continuer à jouer son rôle, conformément aux termes de son mandat onusien, dans ses cinq zones d'intervention, à savoir, la Jordanie, la Syrie, le Liban, la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Des droits et des faits
La Knesset israélienne avait approuvé lundi, par une majorité de 92 voix sur 120, une loi abrogeant l’accord de 1967 qui autorisait l’Unrwa à opérer en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.
Le Conseil a noté que "les décisions prises par la force occupante ne peuvent annuler les résolutions de l’ONU qui garantissent le droit des réfugiés palestiniens au retour et à l’indemnisation et les considére comme nulles et non avenues, sans valeur et comme une violation flagrante du droit international".
L'Unrwa a nié les allégations de partialité portées par Israël, et les Nations Unies ont confirmé que l'agence "est attachée à la neutralité et se concentre exclusivement sur le soutien aux réfugiés".
L'Unrwa a été créée par une décision de l'Assemblée générale des Nations unies en 1949 et a été mandatée pour fournir assistance et protection aux réfugiés palestiniens.
Les Palestiniens ont besoin, plus que jamais dans le passé, des opérations de secours et des services de santé et d’éducation effectuées par l’Unrwa, alors que la guerre génocidaire menée par Israël, avec le soutien américain, dans la bande de Gaza est entrée dans sa deuxième année.
Cette guerre a fait plus de 144 000 victimes entre morts et blessés Palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, et plus de 10 000 disparus, dans un contexte de destruction massive et de famine qui a tué des dizaines d’enfants et de personnes âgées, dans l’une des pires catastrophes humanitaires au monde.
Selon les chiffres de l’Unrwa, environ 5,9 millions de réfugiés palestiniens ont besoin des services de l’agence des Nations unies.