Le poker menteur entre le président de Tottenham, Daniel Levy, et les dirigeants munichois --en tête le nouveau prédisent du directoire Jan-Christian Dreesen (nommé fin mai)-- a finalement pris fin en trois actes et trois jours, pour le transfert le plus marquant, jusqu'à présent, de l'été 2023 en Europe.
Jeudi, les deux clubs ont trouvé un accord, et le joueur a donné son feu vert définitif tard en soirée. Vendredi, avec un vol retardé d'une dizaine d'heures, Kane est arrivé à Munich en soirée pour passer sa visite médicale. Et samedi, le Bayern a officialisé son transfert jusqu'à l'été 2027.
Selon la presse allemande, le montant de la transaction s'élève à 100 millions d'euros plus 10 millions de bonus, ce qui fait de l'avant-centre anglais la recrue la plus chère du Bayern et de la Bundesliga, bien plus que les 80 millions d'euros déboursés par le Rekordmeister pour faire venir le défenseur français Lucas Hernandez en 2019.
Après une fin de saison compliquée (éliminations en quarts de la Ligue des champions et de la Coupe d'Allemagne, 11e titre consécutif de champion assuré à la 89e minute de la dernière journée), les Munichois ont rapidement jeté leur dévolu sur Kane pour remplacer le vide laissé par "Lewy" et non comblé, l'an dernier, par le Sénégalais Sadio Mané.
Avec le N.9
Kane va d'ailleurs récupérer le N.9 sur son maillot, celui de Lewandowski, qu'aucun joueur munichois n'avait porté depuis l'été 2022.
Meilleur buteur de l'histoire des Three Lions avec une 54e réalisation (une de plus que Wayne Rooney) à Naples le 23 mars dernier contre l'Italie (il compte actuellement 58 buts), Kane est un attaquant brillant, adulé outre-Manche, qui n'a cependant jamais su offrir un titre à sa sélection. Tout le paradoxe de "Prince Harry".
Il a fini meilleur buteur du Mondial-2018 et meilleur passeur du Mondial-2022 au Qatar, mais le parcours anglais s'était arrêté en demie et en quarts. C'est à l'Euro-2021 qu'il s'est approché le plus d'un titre, avec une finale perdue aux tirs au but contre l'Italie à Wembley.
Il possède toutes les qualités propres aux buteurs de très haut niveau: redoutable dans le jeu aérien, renard des surfaces, pas maladroit du pied gauche. Il se distingue néanmoins des N.9 classiques par sa capacité à décrocher pour participer à la construction des phases offensives. Sa vision du jeu et son habileté balle au pied en font un joueur très complet.
Tottenham, son club formateur dès 2004, en a profité pendant près de deux décennies puisque Kane a évolué pendant 17 ans chez les Spurs, où il est devenu pro en 2011.
Dans le groupe dès samedi?
Après des prêts pendant deux années entre janvier 2011 et janvier 2013, il s'est imposé progressivement dans un club qu'il portera à bout de bras vers les sommets, où presque.
Plus de 30 buts de moyenne depuis la saison 2014/15, meilleur buteur de l'année civile 2017 (56 buts), meilleur buteur de Premier League à trois reprises... ses statistiques sont celles d'un des meilleurs joueurs au monde.
Pourtant, aucun trophée n'est encore venu garnir l'armoire du serial buteur anglais. Avec les Spurs, il a atteint par deux fois la finale de la Coupe de la ligue (2015 et 2021), décroché une deuxième place de Premier League en 2017 et, surtout, disputé la finale de la Ligue des champions en 2019 (défaite 2-0 face à Liverpool).
Néanmoins, Kane aura sans conteste marqué l'histoire des Spurs, dont il est le meilleur buteur avec 280 réalisations. Il aura également marqué la Premier League, occupant la deuxième place du classement des buteurs (213) derrière Alan Shearer (260).
Au sein du Bayern, sextuple vainqueur de la Ligue des champions (1974, 1975, 1976, 2001, 2013, 2020), il espère enfin franchir ce cap et décrocher ces titres qui manquent à son palmarès.
Cela pourrait commencer dès samedi, une dizaine d'heures à peine après avoir signé au Bayern, avec la Supercoupe d'Allemagne prévue à l'Allianz Arena (20h45) contre le RB Leipzig, s'il figure dans le groupe munichois.