Des avions de combat israéliens ont bombardé samedi le port de Hodeida tenu par les Houthis, provoquant un énorme incendie. Il s’agit des premières frappes israéliennes du genre sur le Yémen.
L'agence de presse Saba, dirigée par les rebelles et qui cite leur ministère de la Santé, a annoncé, ce dimanche, que les raids ont fait six morts et 87 blessés.
L'armée israélienne a affirmé que ses "avions de combat ont frappé des cibles militaires du régime terroriste houthi dans la région du port de Hodeida, en réponse aux centaines d'attaques menées contre Israël" par ces rebelles.
Ce port, essentiel notamment pour l'aide humanitaire, sert de "route d'approvisionnement principale pour l'acheminement d'armes iraniennes d'Iran vers le Yémen, à commencer par le drone utilisé dans l'attaque" de Tel-Aviv, a accusé le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari.
Ces raids aériens sont intervenus au lendemain d'une attaque houthie de drone qui a tué une personne à Tel-Aviv après avoir déjoué le système de défense israélien.
Les Houthis continueront les opérations
Les Houthis ont annoncé dimanche avoir ciblé de manière directe un navire américain en mer Rouge, après des frappes israéliennes sur le port stratégique de Hodeida.
Ils s'en prennent depuis des mois à des navires présentés comme liés à Israël au large du Yémen et ont tiré des missiles contre des villes israéliennes dont la grande majorité ont été interceptés.
Le porte-parole militaire du groupe a assuré que les opérations continueront tant que l’agression israélienne sur Gaza n’a pas pris fin.
Les Houthis du Yémen ont également annoncé avoir pris pour cible la ville balnéaire israélienne d'Eilat avec plusieurs missiles balistiques.
L’armée israélienne a de son côté annoncé, dans un communiqué, avoir intercepté un missile venant du Yémen et "qui s'approchait d'Isräel".
Le projectile "n'est pas entré en territoire israélien. Les sirènes (...) ont été déclenchées en raison de la possibilité de chute d'éclats", a précisé l'armée, déclarant l'incident "terminé".
Ces offensives ont commencé un mois après le début de l’offensive militaire israélienne à Gaza.
"Quiconque nous attaque paiera un très lourd tribut", a lancé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans une allocution télévisée.
- Feu et flammes -
D'après un haut responsable houthi, Mohammed Abdelsalam, l'attaque a visé "des installations de stockage de carburant et une centrale électrique", qui approvisionne en électricité Hodeida, "pour faire pression sur le Yémen pour qu'il cesse de soutenir" les Palestiniens.
"Nous répondrons à cette agression (...) Nous n'hésiterons pas à frapper des cibles vitales de l'ennemi israélien", a menacé Yahya Saree, porte-parole militaire des insurgés.
La chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah, a diffusé des images de Yéménites blessés, selon elle, dans les frappes et recevant des soins dans les hôpitaux. Un homme interrogé par la chaîne a dit que de nombreux blessés étaient des employés du port.
"La ville est dans le noir, les gens sont dans la rue et des files d'attente se sont formées aux stations d'essence qui ont fermé", a indiqué un habitant.
Le ministre du Pétrole yéménite a cependant affirmé que les réserves de carburant étaient "importantes et suffisantes", selon l'agence Saba.
- Tournant "dangereux" -
"Nous reconnaissons pleinement le droit d'Israël à l'autodéfense", a affirmé un porte-parole du Conseil de Sécurité nationale américain, soulignant que les Etats-Unis, alliés d'Israël, "n'étaient pas impliqués dans les frappes" sur Hodeida.
Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a toutefois annoncé, samedi, avoir "détruit" un drone houthi dans les dernières 24 heures au-dessus de la mer Rouge.
L'Arabie saoudite, qui appuie le gouvernement yéménite face aux rebelles depuis 2015 mais tente depuis 2023 de mettre fin au conflit, a également assuré, ce dimanche, n'avoir "aucun lien" avec cet assaut, ajoutant que le "royaume ne permettra pas que son espace aérien soit infiltré par quelque partie que ce soit".
Déclenchée en 2014, la guerre au Yémen a provoqué l'une des plus graves crises humanitaires au monde.