Cette opération policière, qualifiée de “grosse opération” par le parquet de Nevers, intervient dans un contexte où la suspicion envers les institutions musulmanes en France est de plus en plus alimentée par des discours politiques et médiatiques islamophobes.
L'enquête concerne principalement des soupçons de non-déclaration de financements étrangers, notamment en lien avec la loi de 2021 sur le “séparatisme”, qui impose aux associations et établissements religieux de déclarer les financements reçus de l'étranger.
Cette législation, bien qu’ayant des objectifs affichés de transparence et de lutte contre le radicalisme, est vécue par beaucoup comme une stigmatisation de l’islam en général et de ses pratiquants, les inscrivant dans une logique de “contrôle” constant.
L’IESH est également accusé de blanchiment d’argent et d’abus de confiance. Selon la procureure, cette enquête est encore en phase préliminaire, et les investigations se poursuivent.
Cette accusation s’inscrit dans une dynamique où les musulmans, leurs associations et institutions sont régulièrement suspectés de liens avec des mouvements radicaux, une perception qui nourrit et renforce l’islamophobie dans le pays.
Formation des imams
Fondé en 1992 à l'initiative de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, aujourd'hui Musulmans de France), l'IESH est un établissement destiné à former des imams dans un cadre jugé compatible avec les valeurs républicaines françaises.
Ce modèle a été soutenu par François Mitterrand dans les années 1990 et a été repris plus récemment par Emmanuel Macron dans le cadre de sa politique de formation des imams en France.
L'IESH, qui compte environ 200 étudiants, a ainsi été le premier institut en France à offrir une telle formation théologique islamique, au cœur du Morvan, loin des grands centres urbains.
Les perquisitions, telles que celle de l’IESH, sont devenues une routine dans le paysage politique français, sous le prétexte de lutter contre le financement du terrorisme et de renforcer la laïcité.
Pourtant, ces actions suscitent des interrogations sur les motivations réelles et sur la manière dont elles ciblent des institutions musulmanes de manière récurrente.