Pourquoi le championnat turc attire-t-il autant de grands joueurs ?
Durant le premier mois de mercato, les grands clubs turcs ont réalisé des transferts impressionnants en recrutant des joueurs de renom, habitués à évoluer en Europe. Mais comment la Turquie parvient-elle à recruter de tels joueurs ? Explications.
De gauche à droite : Edin Dzeko, Mauro Icardi, Dusan Tadic, Wilfried Zaha. (Others)

Au cours du mois de juillet, les clubs historiques turcs, Fenerbahce et Galatasaray, ont fait sensation avec des recrutements spectaculaires. Alors que le “Fener” a ajouté Edin Dzeko et Dusan Tadic à son effectif, “Gala” a recruté Mauro Icardi et Wilfried Zaha, après avoir signé Nicolo Zaniolo, Lucas Torreira et Dries Mertens la saison dernière. Tous dotés d'un impressionnant CV en Europe, ces joueurs ont choisi la Turquie pour relever des défis passionnants dans l'une des plus grandes villes footballistiques du monde : Istanbul.

De l’ambition et des fans

“Par le passé, le championnat turque avait déjà recruté des stars du football comme Didier Drogba, Wesley Sneijder, Robin Van Persie ou Nicolas Anelka”, nous explique Emrah Oktay, journaliste pour l’Agence Anadolu et fin connaisseur de Galatasaray. “Aujourd'hui, en rivalisant avec les clubs européens sur le plan financier, les dirigeants turcs arrivent encore à signer des joueurs importants.”

Mais en Turquie, l’argent ne fait pas tout. Le pays ne dispose pas des mêmes fonds financiers que les grands clubs européens, et encore moins que ceux des pays du Golfe comme l’Arabie saoudite. Toutefois, le championnat turc peut s’appuyer sur un critère qui n’a pas de prix, celui de la ferveur des supporters.

“Les équipes qui s'offrent aujourd'hui des joueurs comme Icardi, Zaha, Dzeko, ou Tadic, sont des grands clubs avec des ambitions élevées, nous rappelle Mehmet Kilic, agent de footballeur franco-turc. “Il est évident que ces grands noms arrivent à être convaincus, d’une part, car leur salaire en Turquie est net d'impôt, mais d'autre part, il y a l'amour que les Turcs ont pour le football”, ajoute l’agent, avant de poursuivre : “C’est un argument qui fait pencher la balance dans la tête des joueurs. Ils sont attirés par ce genre de challenges parce que c'est un vrai pays de football et sont friands de ce genre d'atmosphère, de ce bain d’adrénaline que procure la Turquie”.

Galatasaray a frappé un grand coup sur le marché des transferts cet été dans le but de réaliser une excellente performance en Ligue des Champions. En tant que club le plus titré en Turquie, les “Rouge et Jaune” visent la qualification pour la C1, et ont préparé leur effectif en conséquence pour les tours préliminaires en cours. De même, Fenerbahce, qui se bat également pour remporter le championnat turc, devrait participer à l'Europa Conference League s'il réussit les tours préliminaires de cette compétition.

Une lutte difficile avec l’Arabie saoudite

Le championnat turc était connu pour offrir des dernières années de contrat à des joueurs qui avaient fait leur temps en Europe. Mais la saison dernière, au moment où Galatasaray a obtenu le prêt du Parisien Mauro Icardi, la donne a changé. Arrivé en Turquie à l’âge de 29 ans, l’Argentin a ébloui de son talent la “Süper Lig” turque, et a été convaincu par un transfert définitif la semaine dernière. Et pourtant, l’attaquant disposait d’une offre salariale trois fois supérieure en Arabie Saoudite.

“A l'heure actuelle, Mauro Icardi et Wilfried Zaha sont les deux plus gros salaires du championnat avec respectivement 10 M et 7,5 M d'euros par an, indique Emrah Oktay, qui précise ensuite : “Pour Icardi, le club ne va débourser que 6 M d'euros. Les 4 M restants seront pris en charge par des sponsors. En Arabie saoudite, il aurait pu gagner 30 M par saison sur trois ans”.

Si l’Argentin a voulu rester en Turquie, c’est parce qu’il a trouvé à Istanbul un environnement propice à ses bonnes performances sur le terrain. “Après des années compliquées à Paris, notamment sur le plan émotionnel, il avait besoin de retrouver quelque chose qui le booste, souligne Kilic. “Et l'amour que les supporters lui portent en Turquie lui a permis de réaliser une saison exceptionnelle l'an dernier, et de redevenir une tête d’affiche à la hauteur de son talent, car il est un très grand joueur”, conclut l’agent.

Quel impact sur le développement du championnat ?

Grâce à ses transferts, le championnat turc peut attirer des noms moins en vue mais dotés d’une grande qualité. Le dernier en date, le Français Andreaw Gravillon qui a été formé à l’Inter Milan, a rejoint le club d’Adana Demirspor où évolue notamment le Marocain Younès Belhanda. Après des saisons difficiles en Italie, Gravillon s’est fait un nom en Ligue du côté de Lorient et de Reims.

A 25 ans, il signe dans un club avec des racines profondes qui s’est fait remarquer, ces dernières années, par un formidable travail en championnat. Des performances qui ont permis au club de disputer actuellement les tours préliminaires de la League Europe, alors que le club a rejoint l’élite turque lors de la saison 2021-2022.

Son agent, Mehmet Kilic, dévoile les coulisses de ce transfert : “Aujourd'hui on ne peut pas dire que la Turquie est un championnat de seconde zone. Il y a de la qualité et de l'intensité dans les matchs. Et en plus de cela, quand des joueurs comme Gravillon voient arriver des Icardi, Dzeko, ou Tadic, c'est clair qu'ils ont envie de rejoindre la Turquie. Bien qu’il ait eu des offres de Galatasaray et Besiktas la saison dernière, Andreaw sait qu’il ne signe pas n’importe où en rejoignant Adana.”

TRT Francais