Florent Ibenge fait partie de ces rares entraîneurs à avoir dirigé simultanément une équipe nationale et un club. Entre 2014 et 2019, le natif de Mbandaka a mené brillamment une double carrière d’entraîneur de l'AS Vita à Kinshasa et celle de sélectionneur de l'équipe nationale de la République démocratique du Congo.
Ibenge détenait le record de longévité à la tête d'une équipe nationale de football africaine, un poste réputé pour son instabilité et son exposition médiatique intense. Désigné en août 2014, après le départ de Claude Le Roy et la brève intérim de Santos Muntubile, il a occupé le poste de sélectionneur des Léopards pendant cinq années, établissant un record absolu en République démocratique du Congo (RDC). Dans ce pays où la durée de vie sportive d'un sélectionneur dépasse rarement les deux ans, sa longévité est remarquable.
Des débuts en professionnel avec Nicolas Anelka
Après avoir obtenu un diplôme de master en économie, Ibenge évolue en amateur. Pour cause, son père, qui est médecin, ne voulait pas d'un footballeur à la maison. Ce n'est que vers l'âge de 30 ans qu'il ose enfin s'émanciper en commençant à exercer comme entraîneur. Il se forme rigoureusement, accumule les qualifications et attend l'appel qui fera toute la différence, celui de Nicolas Anelka.
Lorsque l’attaquant français rejoint le Shanghai Shenhua en 2012 en tant qu'entraîneur-joueur, il recherche un adjoint pour l'assister. C'est ainsi que la carrière professionnelle d'Ibenge dans le monde du football démarre. Cependant, ce partenariat en Chine ne dure que quelques mois, car Ibenge suit Anelka lorsqu'il quitte l'équipe. Peu après, en 2013, il rejoint immédiatement l'AS Vita pour continuer son cheminement dans le milieu du football.
Des performances notables sur deux tableaux
Dans son nouveau club, Ibenge a rapidement su rallier tous les suffrages. En moins d'une année, il propulse son équipe en finale de la Ligue des champions africaine. Malheureusement, le trophée échappe à son équipe suite à la règle des buts à l'extérieur, face à l'ES Sétif (résultats de 2-2 à l'aller à Kinshasa et 1-1 au retour en Algérie). Sous sa direction éclairée, l'AS Vita Club s'adjuge à deux reprises le titre de champion national (en 2015 et 2018), devançant le TP Mazembe.
En même temps, Ibenge insuffle un regain d'éclat à l'équipe nationale, qui n'avait plus remporté la Coupe d'Afrique depuis 1974. Lors de sa première participation à la CAN en 2015, Ibenge connaît des moments de tension pour se qualifier, mais décroche une victoire prestigieuse à Abidjan (4-3). C'est à ce moment qu'il commence à se faire connaître sur la scène africaine.
En quarts de finale, la RDC se trouve face au Congo-Brazzaville. En difficulté avec un score de 2-0 contre eux à l'heure de jeu, la situation est renversée (victoire 4-2) grâce en particulier à deux passes décisives de Neeskens Kebano, qui a été lancé en cours de match par Ibenge. Dans le pays, la justesse de cette décision tactique est saluée. Même s'ils sont vaincus en demi-finale par l'équipe de la Côte d'Ivoire dirigée par Hervé Renard, les Léopards réussissent à obtenir la troisième place du tournoi, en remportant la séance de tirs au but contre la Guinée équatoriale. Depuis, la RDC n’a jamais fait mieux.
La RDC au sommet de l’Afrique
L'année suivante, en 2016, c'est le moment du Championnat d'Afrique des nations, le tournoi réservé aux joueurs évoluant exclusivement sur le continent africain. « Dès le début, notre objectif était de nous hisser en finale, notre détermination était inébranlable », déclarait Coach Ibenge lors d'une conférence de presse. C'est ainsi qu'il remporte son premier trophée continental avec une victoire en finale (3-0 contre le Mali). À ce jour, c’est encore le dernier trophée remporté par la RDC.
Bien que la suite se révèle plus complexe (déception avec une élimination en quarts de finale de la CAN 2017 face au Ghana, absence à la Coupe du Monde 2018 malgré une situation favorable pour la RDC), Florent Ibenge a bénéficié du soutien inébranlable de ses dirigeants pour poursuivre sa double mission.
Pendant la période où Ibenge était aux commandes, l'équipe nationale de la RDC a réussi à intégrer le top 50 mondial du classement FIFA pendant trois années consécutives, de 2016 à 2018.
Au coeur de la guerre au Soudan
Déterminé, Ibenge garde le cap, même face à des défis non négligeables. Son parcours, loin d'être rectiligne, témoigne de son obstination. Par la suite, Ibenge a dirigé le club marocain de la Renaissance sportive de Berkane avec qui il a remporté la Coupe de la Confédération et la Coupe du Trône en 2022, avant de poursuivre sa carrière au Soudan à Al Hilal.
Au début de la guerre au Soudan, Ibenge faisait partie des ressortissants français évacués par les autorités françaises vers Djibouti à bord d'un avion, dans le cadre de l'opération nommée “Sagittaire", lancée au début de la nuit du samedi 22 au dimanche 23 avril derniers.
Après leur départ du Soudan en avion, la famille Ibenge a séjourné pendant deux jours dans une base militaire à Djibouti avant de rejoindre Paris. Bien que soulagé de savoir que lui et sa famille sont désormais à l'abri des combats et de la guerre, Ibenge ressentait une grande empathie pour les Soudanais restés sur place.
"Nous sommes toujours inquiets pour tous ceux que nous avons laissés derrière nous, à commencer par mes joueurs et tous les Soudanais, qui sont des gens très sympathiques", expliquera le Congolais dans des propos rapportés par la BBC.
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