Pour les Bleus, le chemin sinueux vers un deuxième sacre d'affilée, performance inédite depuis le Brésil de 1962, passe par le stade al-Bayt d'al-Khor, enceinte de près de 70.000 sièges aux allures de tente de bédouins.
A environ 50 km au nord de la capitale qatarie, les Français sont attendus pour un choc de voisins indécis, premier sommet dans leur Coupe du monde 2022 jusqu'ici linéaire, avec trois victoires convaincantes et une défaite sans conséquences et avec les remplaçants contre la Tunisie.
"C'est une étape supplémentaire mais sans stress, sans retenue", a insisté Didier Deschamps, axant son discours sur "le plaisir", la "sérénité" et "l'excitation". Une victoire face aux Anglais d'Harry Kane permettrait d'atteindre l'objectif fixé par la Fédération française, en plus d'assurer probablement une prolongation au sélectionneur.
Menace diffuse
Avant une potentielle demi-finale contre le Portugal ou le Maroc, cela serait surtout un message fort: depuis le Brésil en 1998, aucun tenant du titre n'est parvenu à se hisser en demi-finale du Mondial suivant. Une élimination, au contraire, aurait des airs de fin de cycle pour le football français, avec un sélectionneur en fin de contrat et plusieurs cadres qui disputent sans doute leur dernière Coupe du monde, que ce soit Olivier Giroud, Hugo Lloris, voire Antoine Griezmann.
"Il reste trois matches à gagner pour égaler ce record (la défense du titre), mais on ne veut pas y penser. On sait que ce serait énorme pour l'histoire, mais faites-moi confiance, on se concentre sur l'Angleterre avant tout", a prévenu Giroud, devenu dimanche contre la Pologne (3-1) le meilleur buteur de l'histoire des Bleus, avec 52 buts.
Le capitaine Kane, son alter ego, en compte autant avec les Three Lions - un de moins que le record national de Wayne Rooney, mais la menace est diffuse dans l'équipe de Gareth Southgate, toujours en quête d'un premier titre international depuis le Mondial-1966.
Marcus Rashford, Phil Foden, Jack Grealish, Bukayo Saka et même Raheem Sterling, de retour au Qatar après un détour par l'Angleterre pour soutenir sa famille après un cambriolage, symbolisent la jeune et large panoplie offensive d'une Angleterre déjà riche de douze buts dans le tournoi - contre 9 à la France.
"C'est une équipe qui a un peu les mêmes caractéristiques que nous: des joueurs très rapides sur le côté, des latéraux assez offensifs, des milieux qui peuvent se projeter. On est assez similaires", pointe le milieu Adrien Rabiot, pièce maîtresse de l'entrejeu tricolore.
"Pas l'Angleterre contre Mbappé"
L'analogie entre les deux nations vaut aussi pour leurs défenses qui offrent moins de garanties que leurs attaques, même si l'arrière-garde anglaise a mieux répondu que la française jusque-là. Aucun des deux pays n’a encaissé de buts dans ce mondial jusqu’à présent.
Côté tricolore, l'équipe-type est en place depuis le deuxième match et le danger, comme toujours, doit venir de Mbappé, lancé sur une série statistique impressionnante de cinq buts en quatre rencontres, et neuf en deux Coupes du monde. "Ce match, ce n'est pas l'Angleterre contre Mbappé, c'est l'Angleterre contre la France", a insisté Kyle Walker, chargé de contenir le phénomène de 23 ans sur le flanc droit de la défense. "Je ne vais pas lui dérouler le tapis rouge pour qu'il marque".
"J'imagine que l'Angleterre prendra des dispositions, comme nos quatre adversaires précédents", a répliqué Deschamps. "Mais Kylian restera toujours Kylian, avec cette capacité à être décisif à tout moment".
Après deux victoires en 1966 et 1982 pour les Anglais en Coupe du monde, la France espère remporter la troisième manche au Qatar, une opposition inédite en grande compétition dans un match à élimination directe.
"Dans un événement comme une Coupe du monde, un Angleterre-France a une saveur particulière", a confirmé Hugo Lloris, Londonien depuis 2012. "On sait ce que ce match signifie pour les joueurs, les fans et les deux nations".