Après des mois de négociations complexes, Renault va réduire sa part au capital de Nissan à 15% contre 43,4% actuellement, pour mettre les deux constructeurs automobiles sur un pied d'égalité.
"L'ambition est de renforcer les liens de l'Alliance et de maximiser la création de valeur pour l'ensemble des parties prenantes", selon un communiqué commun.
Les tensions entre les deux groupes, liées au déséquilibre originel de leurs participations croisées, avaient atteint leur paroxysme après la chute spectaculaire de leur grand patron commun Carlos Ghosn, arrêté fin 2018 au Japon pour des accusations de malversations financières, et qui a fui au Liban un an plus tard.
Renault et Nissan vont chacun détenir 15% du capital de l'autre, "avec une obligation de conservation, ainsi qu'une obligation de plafonnement de leurs participations", selon un communiqué commun.
Le groupe français ne va toutefois pas vendre immédiatement le reste de ses actions Nissan (28,4%) car leur valeur de marché est très inférieure à leur valeur actuellement inscrite dans ses comptes.
Aussi, pour éviter des dépréciations massives, Renault va transférer cette tranche dans une fiducie basée en France, où les droits de vote attachés à ces actions seront "neutralisés" pour la plupart des décisions, est-il précisé dans le communiqué.
Renault continuera en revanche de percevoir des dividendes sur ces titres jusqu'à leur vente effective, pour laquelle aucun délai spécifique n'a été fixé.
A la Bourse de Paris, Renault, qui avait retrouvé des couleurs depuis son départ de Russie début 2022, trébuchait lundi. Son action perdait plus de 2% lundi à 12H00 (11H00 GMT), à 37,32 euros, dans un marché en léger repli.
En finir avec la "frustration"
Nissan, lui, détenait déjà 15% de Renault mais était privé des droits de vote de cette participation, une restriction qui va désormais être levée.
Il ne s'agit toutefois pas d'une "victoire de Nissan sur Renault", avait assuré une source française proche du dossier interrogée par l'AFP il y a quelques mois.
Car si la "frustration" de Nissan sur sa relation inégale avec Renault était très visible, Renault lui aussi était insatisfait de la situation, qu'il désirait "normaliser" pour que leur coopération devienne plus efficace et accélère, selon cette même source.
Outre la gestion autoritaire de M. Ghosn, Nissan avait aussi été échaudé par l'augmentation surprise de la part de l'Etat français au capital de Renault en 2015 et par des projets récurrents de fusion entre les deux groupes à l'initiative de Paris.
Nissan va par ailleurs investir dans Ampere, le futur pôle électrique de son partenaire français. Le montant de cet engagement n'a pas encore été précisé pour le moment.
De nouveaux projets opérationnels entre Renault et Nissan sont également prévus en Amérique latine, en Inde et en Europe, selon le communiqué.
A ce stade, le communiqué "n'a pas réservé beaucoup de surprises" après plusieurs mois de discussions, ont estimé les experts d'Oddo BHF dans une note publiée lundi. Mais l'accord constitue selon eux "un pas dans la bonne direction" et confirme "que les tensions sur le sujet étaient exagérées".
Les analystes se disent "convaincus que l'alliance peut fonctionner bien mieux avec Renault détenant seulement 15% de Nissan plutôt qu'avec les 43,4% détenus actuellement". Ils considèrent que, dans les prochains mois, "les annonces concrètes concernant les potentiels projets futurs entre les deux partenaires (trois en incluant Mitsubishi) vont leur permettre de générer des synergies supplémentaires (...), de limiter les besoins d'investissements et de rassurer davantage au sujet de l'avenir de l'alliance".
Les accords sur tous ces différents volets "sont en cours de finalisation" et doivent encore être validés par les conseils d'administration respectifs des deux groupes.
Des annonces plus détaillées devraient intervenir le 6 février, avait indiqué la semaine dernière à l'AFP une source proche du dossier.