Depuis le début de la guerre à ses confins, l'Europe a démontré un réel élan de solidarité pour défendre la souveraineté territoriale de l'Ukraine et l'inviolabilité de ses frontières.
Les sanctions politiques et économiques ont suivi les condamnations unanimes de l'"opération spéciale" lancée par Moscou contre son voisin occidental, le 24 février dernier.
De Washington à Varsovie, en passant par Paris, Berlin et Londres, les appels au retrait des forces russes d'invasion se sont multipliés, tandis qu'un grand nombre d'entreprises étrangères ont suspendu ou cessé leurs activités et investissements en Russie.
Les leaders occidentaux ont, par ailleurs, dénoncé un grand nombre de crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine, le président des États-Unis Joe Biden allant jusqu'à qualifier le président russe Vladimir Poutine de "boucher" et de "dictateur sanguinaire".
Pendant trois décennies, un quart du territoire azerbaïdjanais a été occupé par les forces d'invasion arméniennes, à l'issue de la première guerre du Karabakh (1988-1994). Plus de 750.000 civils azerbaïdjanais ont été déplacés de force à l'intérieur de leur pays, alors que des milliers d'entre eux ont été victimes des massacres commis par les Arméniens, le plus connu d'entre eux étant celui de Khodjaly (25-26 février 1992).
Cette guerre d'invasion, l'occupation pendant 28 ans de pans entiers du territoire azerbaïdjanais et l'interminable liste de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis par les forces arméniennes, n'ont certainement pas suscité la même indignation ou condamnation dans les capitales européennes.
Réactions à l'invasion de l'Ukraine par la Russie
Lorsque le 24 février, les forces russes ont envahi l'Ukraine, la réaction des pays de l'Union européenne (UE) et des États-Unis a été ferme et quasi unanime. Sur les réseaux sociaux, le président français Emmanuel Macron a "condamné fermement la décision de la Russie de faire la guerre à l'Ukraine" et appelé Moscou à "mettre immédiatement fin à ses opérations militaires".
Le chef d'État français a souligné la solidarité et la fermeté de la France, de l'UE (dont il assure la présidence tournante depuis le début de l'année) et des pays de l'Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN).
"Au peuple ukrainien, au Président Zelensky, ce soir, je redis notre soutien, notre attachement à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l’Ukraine. En matière économique et financière, en matière d'équipements défensifs, la France continuera d’apporter son soutien", a indiqué le président français, sur Twitter.
Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a indiqué que "nous condamnons fermement l'attaque injustifiée de l'Ukraine par la Russie.
"En ces heures sombres, nos pensées vont à l'Ukraine et à ses femmes, hommes et enfants innocents qui font face à cette attaque non-provoquée et craignent pour leurs vies", a-t-elle ajouté avant de poursuivre par l'annonce de futures sanctions économiques à la Russie qui "devra rendre des comptes" pour cette guerre et ses conséquences sur le peuple ukrainien.
Les paroles ont été suivies d'actes : soutien à l'Ukraine en termes de matériel militaire défensif et d'accueil des millions de réfugiés ukrainiens qui ont afflué vers l'Europe.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a fustigé "l'attaque injustifiée" de la Russie contre l'Ukraine. "Le président Poutine a fait le choix d'une guerre préméditée qui entraînera des souffrances et pertes humaines catastrophiques", a ajouté Biden dans un communiqué.
"La Russie, seule, est responsable de la mort et de la destruction que cette attaque provoquera", a-t-il souligné, ajoutant que "le monde exigerait des comptes de la Russie".
Boutcha, Marioupol, Khodjaly, Bashlibel
Lorsqu’au début du mois d'avril, après plus de quatre semaines de combats et de bombardements, les forces russes se sont retirées de la ville de Boutcha, dans la banlieue de la capitale ukrainienne Kiev, les journalistes qui se sont rendus sur place ont découvert une ville presque entièrement détruite, ainsi qu'un grand nombre de civils morts (287, selon le maire de la ville, 410 selon la procureure générale de l'Ukraine) et de charniers, de nombreux civils ayant été tués d'une balle dans la tête, selon ces sources.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a qualifié ces massacres, ainsi que la destruction de la ville de Marioupol (port stratégique du Donbass), de "génocide". La réaction de l'Occident n'a pas tardé. Les pays de l'Union européenne (UE) et le président des États-Unis ont dénoncé des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, certains pays reprenant à leur tour le terme de "génocide".
La communauté internationale, incluant l'Organisation des Nations Unies (ONU) et la France, a immédiatement initié des enquêtes pour déterminer et définir les crimes commis par les forces russes en Ukraine.
Pendant trois décennies, un quart du territoire azerbaïdjanais a été occupé par les forces d'invasion arméniennes, à l'issue de la première guerre du Karabakh (1988-1994). Plus de 750.000 civils azerbaïdjanais ont été déplacés de force à l'intérieur de leur pays.
Dans un élan délibéré d'épuration ethnique, les colons arméniens ont entièrement détruit plus de 300 villes, bourgs et villages azerbaïdjanais.
30 ans plus tard, des milliers de familles azerbaïdjanaises sont toujours sans nouvelles de leurs proches disparus.
30 ans plus tard, l'heure du bilan tragique
À l'automne 2020, à l'issue de la seconde guerre du Karabakh, appelée « guerre de 44 jours », l'Azerbaïdjan a recouvré ses territoires occupés pendant trois décennies par les forces arméniennes. Durant cette guerre, l'Arménie a utilisé des bombes à fragmentation, interdites par les conventions internationales, ainsi que des missiles balistiques, ayant délibérément visé les populations civiles qui se trouvaient à plusieurs centaines de kilomètres du front de guerre.
Des centaines de civils sont morts suite à ces bombardements et à cause de la présence d'environ un million de mines antipersonnel et antichar enterrées par les forces arméniennes d'invasion dans les territoires azerbaïdjanais recouvrés à l'issue de cette guerre. Erevan a d’ailleurs longtemps refusé de transmettre les cartes de ces mines à l'Azerbaïdjan.
Des centaines de villes et de villages ont été entièrement détruits par les forces arméniennes dans le Karabakh et les sept autres districts occupés pendant trois décennies ; un fait rappelé par la députée française Frédérique Dumas.
"Vous devriez vous rendre en Azerbaïdjan et constater l’ampleur des dégâts causés par l’occupation arménienne pendant 30 ans. Les images sont là. Des villes entières détruites. Des lieux de culte et de culture vandalisés. Des cimetières retournés. Un million de réfugiés", rappelle la législatrice.
Le consul général d'Azerbaïdjan à Los Angeles (États-Unis), Nasimi Aghayev, a partagé une vidéo sur les réseaux sociaux pour permettre au grand public de voir l'ampleur de la destruction de villes entières et de centaines de monuments historiques, incluant un grand nombre lieux de cultes azerbaïdjanais, ainsi que des centaines de musées, de conservatoires et autres lieux culturels. Des mosquées ont même été littéralement transformées en porcheries. Le célèbre reporter de guerre Reza a également partagé les images de cette destruction des plus barbares.
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, plutôt que de condamner cette invasion (illégale) d'un pays souverain, les autorités arméniennes ont apporté leur soutien de facto à l'invasion russe, par l'envoi de quatre avions SU-30.
L'ambivalence européenne sur les guerres en Ukraine et en Azerbaïdjan
Outre le manque de réaction de la part de la communauté internationale, notamment de l'Europe et des États-Unis, à cette interminable liste de crimes commis par la partie arménienne, un grand nombre d'institutions de pays occidentaux (tels que la France) ont apporté leur soutien aux colons arméniens.
Les candidats à l'élection présidentielle française, notamment Éric Zemmour, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, ont instrumentalisé la propagande mensongère des réseaux nationalistes arméniens, allant jusqu'à rendre visite, de façon illégale, aux territoires azerbaïdjanais.
La réussite -ou l'échec- dans la protection de la souveraineté territoriale de l'Ukraine sera déterminante dans l'affirmation du droit international et la protection de la souveraineté de nombreux autres pays, victimes réelles ou potentielles d'agressions et crimes de guerre commis par d'autres États.
Le destin de l'Azerbaïdjan, notamment de sa souveraineté sur le Karabakh (et autres régions qui étaient occupées par les colons arméniens jusqu'en décembre 2020) reconnue par quatre résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU et deux résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies, dépendra très certainement, du succès de l'élan de solidarité démontrée par la communauté internationale aux violations et crimes commis dans le Donbass et autres territoires souverains de l'Ukraine, mais aussi de l'affirmation de l'inviolabilité des frontières de ce pays.
La réaction de l'Europe à la guerre en Ukraine sera d'autant plus crédible si elle fait preuve de la même solidarité à l'égard du peuple azerbaïdjanais, qui souffre en silence depuis trois décennies.