La Turquie est en passe de se transformer en un pôle énergétique pour l’Europe à la suite de l’offensive militaire russe en Ukraine, à en croire un nouveau rapport élaboré par une fondation allemande influente.
Le rapport confidentiel, élaboré par la fondation Konrad Adenauer et mis à la disposition des législateurs conservateurs allemands, recommande une coopération plus accentuée entre Berlin et Ankara afin de faire face aux problèmes de l’énergie et aux défis sécuritaires.
« En ce qui concerne la stratégie de diversification des ressources énergétiques, les alternatives à la Russie sont limitées sur le court terme », note le rapport, soulignant toutefois que la Turquie offre des opportunités concrètes, au moment où les pays européens cherchent à réduire leur dépendance de la Russie.
Le rapport met en évidence le rôle grandissant de la Turquie comme pôle énergétique d’une importance stratégique pour l’Europe, comme relai du gaz naturel en provenance du bassin Caspien, de l’Asie centrale, du Moyen-Orient et du bassin de l’Est méditerranéen.
L’éventualité de garantir l’acheminement du gaz naturel iranien vers l’Europe à travers la Turquie est également envisagée par le Rapport, pour peu que les tractations en cours pour la restitution de l’accord nucléaire aboutissent.
« Le statut de la Turquie comme pôle énergétique se concrétise de plus en plus, alors que se matérialise davantage sa coopération avec Israël dans le secteur de l’énergie », affirme le document.
Plaidoyer pour le dialogue
La Fondation Konrad Adenauer a initié le rapport à l’issue de la visite à Ankara du chancelier allemand Olaf Scholz le 14 mars dernier, au cours de laquelle il a plaidé pour un dialogue plus accentué entre l’Union européenne et la Turquie.
« Nous n’épargnerons aucun effort en vue d’étendre nos relations bilatérales et exploiter le plein potentiel de notre coopération », s’est engagé Scholtz au cours de sa visite.
Les chercheurs de la fondation Konrad Adenauer ont mis l’accent sur la nécessité d’approfondir la coopération entre l’Allemagne et la Turquie dans les secteurs de la sécurité et la politique étrangère.
« La guerre en Ukraine a démontré qu’en dépit nos divergences, il est impératif pour Berlin et Ankara d’intensifier davantage leur partenariat stratégique et sécuritaire », soulève le rapport.
« Outre la situation en Ukraine, d’autres zones de crise révèlent le besoin d’un rapprochement plus accentué entre la Turquie et l’Allemagne, notamment en rapport avec la situation en Bosnie Herzégovine, la situation au Caucase du Sud et en Afghanistan, la présence russe en Afrique et les développements dans les pays d’Asie centrale », expliquent les auteurs du document.
Le rapport a, par ailleurs, appelé les législateurs allemands à accorder davantage d’attention aux intérêts sécuritaire de la Turquie et ses attentes de ses partenaires européens.
« La Turquie continuera de faire partie du bloc de l’Ouest dans le futur et d’être considérée comme l’allié le plus important de l’OTAN dans sa frontière du Sud Est », a-t-il précisé.
« De par sa situation géographique, la Turquie est l’un des principaux acteurs dans le Caucase du Sud, la région de la mer Noire et le Moyen Orient, de même qu’elle détient une importance géostratégique fondamentale pour l’Europe », a-t-il ajouté avant de conclure que « l’Allemagne n’est pas en mesure d’ignorer ses perceptions et intérêts ».