Euphorique sur la scène du Grand théâtre Lumière, le Suédois à l'humour grinçant rejoint, à 48 ans, le club très fermé des doubles palmés.
"Tout le jury a été extrêmement choqué par ce film", a annoncé Vincent Lindon, le président du jury.
"Lorsque nous avons commencé ce film, nous n'avions qu'un but: essayer de faire un film qui intéresse le public et qui le fasse réfléchir avec provocation", a déclaré le Suédois, en recevant son prix.
Coproduit par TRT, radiodiffuseur public de Turquie, "Triangle de tristesse" suit l'aventure de Yaya et Carl, un couple de mannequins et influenceurs en vacances sur une croisière de luxe. Un voyage qui tourne à la catastrophe.
Dans une sorte de "Titanic" inversé, où les plus faibles ne sont pas forcément les perdants, le film décortique les ressorts de classe de fond en comble: les riches contre les pauvres, mais aussi les hommes contre les femmes, et les Blancs contre les Noirs.
Le réalisateur livre une critique sans concession du capitalisme et de ses excès.
Elevé par une mère communiste, se définissant lui-même comme "socialiste", le Suédois n'a pas cédé à la facilité de "décrire les riches comme méchants" mais plutôt à "comprendre leurs comportements", dit-il.
Après "Play" (2011), "Snow therapy" (2014) et "The Square" (2017), Ruben Östlund continue de disséquer les conventions sociales, les petites lâchetés et les dilemmes moraux.