La hausse des prix à la consommation dans les 19 pays utilisant la monnaie unique ressort à 9,1% sur un an, après une augmentation de 8,9% en juillet. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un taux de 9% pour août.
Les prix de l'énergie, malgré une légère décélération, restent de très loin le principal moteur de la hausse générale des prix avec un bond de 38,3% par rapport à août 2021, après une envolée de 39,6% en juillet.
Ceux de l'alimentation, de l'alcool et du tabac ont vu leur hausse s'accélérer à 10,6% sur un an, ceux des biens industriels hors énergie augmentent de 5% et ceux des services de 3,8%, précise Eurostat.
L'inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés, un indicateur suivi de près par la BCE, a augmenté plus que prévu, de +5,5% contre +5,1% en juillet comme pour le consensus Reuters.
Une mesure encore plus étroite, qui exclut aussi l'alcool et le tabac, est en hausse de 4,3% après +4,0% le mois dernier. Le consensus Reuters la donnait à +4,1%.
LA HAUSSE DES PRIX POURRAIT SE POURSUIVRE
La flambée des prix de l'énergie avant même le début de l'hiver et l'annulation de certaines subventions en Allemagne - où l'inflation ressort à 8,8% - font craindre un taux d'inflation à deux chiffres dans la zone euro d'ici la fin de l'année.
La hausse des prix calculés aux normes européennes dépasse déjà 10% dans plusieurs pays de la région, comme l'Espagne. Et si elle a un peu ralenti en août en France, à 6,5%, elle a été nettement supérieure aux attentes en Italie, à 9%.
Ces éléments plaident en faveur d'une forte hausse des taux de la BCE lors de la prochaine réunion de son Conseil des gouverneurs, le 8 septembre.
Klaas Knot et Madis Mueller, deux membres du Conseil, ont déclaré mardi qu'une augmentation des taux directeurs de trois quarts de point devrait au moins être débattue en septembre tandis que le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, plaidait en faveur d'une action rapide face à l'envolée des prix.
L'inflation étant trop élevée depuis trop longtemps, il ne fait guère de doute que la BCE procédera à une remontée de ses taux lors des trois réunions restantes en 2022 pour éviter un "désancrage" des anticipations d'inflation.
Vers la fin de l'année, les taux devraient ainsi atteindre le niveau dit neutre, c'est-à-dire qui ne stimule ni ne freine l'activité économique. La seule question est de savoir si la BCE relèvera ses taux au-delà de ce niveau.
Une telle décision ne sera pas prise avant plusieurs mois, à un moment où la zone euro sera probablement entrée en récession, l'augmentation des coûts et les tensions touchant l'approvisionnement en énergie et affectant les dépenses de consommation et la production.
La BCE devra alors réévaluer sa stratégie et déterminer si la récession est un frein à l'inflation suffisant ou si un durcissement supplémentaire de sa politique monétaire sera encore nécessaire.