L'aide est sortie d'Egypte à bord de 20 camions, selon l'ONU, via le terminal de Rafah, la seule porte de Gaza qui ne soit pas aux mains d'Israël, après un accord annoncé mercredi par le président américain Joe Biden.
Du Caire, où il participe à un sommet international "pour la paix", sans haut dirigeant américain, le patron de l'ONU Antonio Guterres a dans la foulée réclamé un "cessez-le-feu humanitaire" pour "mettre fin au cauchemar".
"Les Gazaouis ont besoin de beaucoup plus, un acheminement massif d'aide est nécessaire" a-t-il ajouté. L'ONU a notamment pointé le besoin de livrer du carburant, vital pour le territoire palestinien où s'entassent quelque 2,4 millions d'habitants.
La porte du terminal de Rafah, côté égyptien, a été refermée après le passage du convoi, ont indiqué des témoins, alors que des dizaines de bi-nationaux attendent côté palestinien d'être autorisés à gagner l'Egypte.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël par les hommes du Hamas depuis le 7 octobre, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l'attaque des combattants menée à partir de Gaza, selon les autorités israéliennes.
Selon l'armée israélienne, environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive israélienne.
Dans la bande de Gaza, 4.385 personnes, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés par l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué samedi qu'au moins 17 de ses employés figurent parmi les victimes.
"Conditions catastrophiques"
Alors que le conflit entre dans sa troisième semaine, les responsables humanitaires ont fait écho à M. Guterres pour appeler à une montée en puissance des livraisons d'aide.
Une urgence, face à des conditions "vraiment catastrophiques" à Gaza, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et pour "prévenir les décès évitables et réduire les souffrances évitables", a souligné l'Organisation mondiale de la santé.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a elle salué samedi "un premier pas" franchi "pour alléger la souffrance d'innocents" à Gaza.
Plus d'une centaine de camions chargés de tonnes d'aide internationale, dont près d'un millier de tonnes de produits alimentaires d'urgence du PAM sont massés depuis des jours entre l'Egypte et Gaza.
L'ONU a également réitéré samedi son appel à la "libération immédiate et inconditionnelle" de toutes les personnes enlevées par le Hamas, après la libération la veille de deux premiers otages, une mère et sa fille américaines, Judith et Natalie Raanan, via une médiation du Qatar, réputé proche du Hamas.
"Message très dangereux"
Les dirigeants palestinien, jordanien et égyptien réunis au Caire - aux côtés notamment des dirigeants européens Charles Michel et Josep Borrell - ont pour leur part plaidé pour un "cessez-le-feu" entre Israël et le Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007 et une "solution" à 75 ans de conflit israélo-palestinien.
"Le monde est silencieux" s'est insurgé Abdallah II, y voyant un "message très dangereux" sur la valeur des vies palestiniennes que "le monde arabe entend clairement". Vendredi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les pays arabes et musulmans en solidarité avec les Palestiniens.
"Nous ne partirons pas" des terres palestiniennes, a martelé le palestinien Mahmoud Abbas, alors que Le Caire et Amman sont vent debout contre l'évacuation des Gazaouis vers le sud de Gaza réclamée par Israël.
Ils y voient un premier pas vers "un déplacement forcé" vers le Sinaï égyptien qui équivaudrait, selon M. Abbas, à "une deuxième Nakba", le déplacement de 760.000 Palestiniens à la création d'Israël en 1948.
Au moins un million de Gazaouis ont été déplacés, d'après l'ONU.