De l'offensive russe en Ukraine, le 24 février 2022, à la conclusion de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes et l'envoi de chars occidentaux à Kiev, dix moments-clés du conflit russo-ukrainien.
Le jour où le conflit éclate
Un an s’est écoulé depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. Pour les Ukrainiens comme pour les Russes, cette date restera gravée à jamais.
Le 24 février à l'aube, le président russe Vladimir Poutine a lancé une "opération militaire spéciale" pour "démilitariser" et "dénazifier" l'Ukraine, selon ses propres propos. Il a affirmé agir pour défendre les "républiques" séparatistes de Lougansk et Donetsk dans le Donbass. Son armée engage une offensive avec des frappes aériennes à travers le pays et l'entrée de forces terrestres au nord à l'est et au sud.
L'offensive a déclenché un torrent de condamnations internationales et dès le lendemain, des sanctions inédites ont été imposées et durcies au fil des mois. Elles visent les secteurs financier, de l’énergie et des transports en vue d’affaiblir la capacité de Moscou de mener la guerre. Plusieurs personnalités russes sont aussi sanctionnées, dont le président Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Face aux bombardements, des milliers d'habitants d’Ukraine ont quitté le pays. Selon l'ONU, plus de 7,8 millions d'Ukrainiens se seraient réfugiés en Europe.
L'Union européenne a annoncé la livraison d'armes à l'Ukraine et les Etats-Unis ont débloqué des milliards de dollars d'aide militaire.
Découverte des premiers “crimes de guerre” russes
L'armée russe est accusée d'avoir commis un "massacre" à Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev reprise par les troupes ukrainiennes après le retrait des Russes.
Avec la découverte de fosses communes et de centaines de cadavres de civils et à la lumière de rapports attestant d’actes de torture et de viols, la Russie est accusée de “crimes de guerre”, ce que Moscou dénie.
La mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine comptait au 26 mars 74 attaques contre des installations médicales. Moscou est aussi accusée d’avoir détruit ou endommagé plusieurs bâtiments culturels comme un musée d’art à Marioupol.
En réaction, l’ONU a pris la décision symbolique de suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme.
La chute de Marioupol
Le 21 avril, le Kremlin a annoncé la conquête de Marioupol, ville portuaire de près de 450.000 habitants située sur la mer d’Azov. Mais, quelque 2000 combattants ukrainiens avec des centaines de civils, ont poursuivi le combat jusqu’au 21 mai avant de se rendre.
Quelques jours plus tard, Zelensky a déclaré qu'il n'y avait pas "un seul bâtiment intact" dans la ville. Selon Kiev, Marioupol est détruite à 90% et au moins 20.000 personnes y ont péri.
Le 16 mai, la Finlande et la Suède soumettent leur demande d’adhésion à l’OTAN
En raison du conflit, la Suède et la Finlande ont officiellement présenté leur candidature pour rejoindre l'OTAN en mai dernier, abandonnant des décennies de non-alignement militaire.
Mais la Turquie, membre de l'OTAN depuis plus de 70 ans, a émis des réserves concernant ces candidatures, accusant les deux pays d’abriter des groupes terroristes, notamment le PKK et l'organisation terroriste FETO, le groupe qu’Ankara accuse d’être à l'origine de la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016 en Turquie.
En juin dernier, la Turquie et les deux pays nordiques ont signé un mémorandum destiné à répondre aux préoccupations sécuritaires légitimes d'Ankara, ouvrant ainsi la voie à leur éventuelle adhésion à l'alliance.
Estimant que les deux pays n’ont pas encore honoré leur engagement, Ankara n’a toujours pas approuvé leur adhésion à l’OTAN.
L’Ukraine candidate pour acquérir le statut de membre de l’UE
L’Ukraine a déposé sa candidature pour l’adhésion à l’UE le 28 février de l’année dernière, quatre jours seulement après l’offensive russe. En un temps record, la Commission européenne a rendu son avis positif quatre mois plus tard, en juin. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait immédiatement salué "une victoire" et un "moment historique".
Craintes d’une catastrophe nucléaire
La plus grande centrale nucléaire d'Europe, celle de Zaporijia, a subi de nombreux bombardements au cours de l’été, faisant craindre une catastrophe nucléaire. Alors que les deux pays se sont accusés mutuellement de bombarder la centrale, l'Agence internationale de l'énergie atomique oeuvre toujours pour sécuriser le site.
Un accord historique sur l’exportation des céréales ukrainiennes
La Turquie a mené des efforts de médiation et de négociation diplomatiques depuis les premiers jours pour mettre fin au conflit. Avec la médiation de la Turquie et de l'ONU, un accord a été signé, le 22 juillet 2022, entre la Russie et l'Ukraine pour permettre l’exportation des céréales depuis les ports ukrainiens en mer Noire.
Salué à plusieurs reprises par la communauté internationale, l’accord a permis d'expédier près de 19 millions de tonnes de céréales en toute sécurité. L'Ukraine souhaite d’ailleurs que l'accord soit prolongé d'au moins un an et élargi au port ukrainien de Mykolaïv, a indiqué mercredi un responsable gouvernemental.
Fuite de milliers d’hommes russes
Fin septembre, la Russie a annoncé la mobilisation partielle de 300.000 réservistes, provoquant ainsi la fuite d’un grand nombre d’hommes russes vers les pays voisins. Les billets d’avion notamment pour les pays les plus proches comme l’Arménie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan ou encore le Kazakhstan ont été épuisés quelques heures après l’annonce de Poutine.
Annexion de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia par la Russie
Après l’annonce de la mobilisation partielle, Poutine a déclaré l’annexion à la Russie des quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine.
Une décision que Poutine prétendait rendre légitime par des référendums d’autodétermination, non reconnus par la communauté internationale. L’annexion vaudra à Moscou une panoplie de nouvelles sanctions de la part de l’UE.
Un mois plus tard, le 11 novembre, l'armée ukrainienne reprend Kherson, un succès vu par ses alliés comme un tournant majeur dans la guerre.
Envoi des chars occidentaux à Kiev
Face aux demandes répétitives de Zelensky et à la pression occidentale croissante, le chancelier allemand Olaf Scholz a autorisé le 25 janvier ses alliés de l’OTAN, notamment la Pologne, la Norvège et l’Espagne à livrer leurs chars allemands Leopard. L’Allemagne livrera elle-même 14 blindés à l’Ukraine et le président américain Joe Biden a également annoncé la livraison de 31 chars Abrams.
Un an après la guerre, il est difficile de déterminer le nombre des pertes des deux côtés du conflit faute d’informations exactes. Alors que le ministre de la défense russe reconnaissait la perte d'environ 6000 soldats à la fin du mois de septembre dernier, la Norvège fait état de 180.000 personnes mortes ou blessées dans les rangs de l'armée russe. Selon la Norvège et les Etats-Unis, 100.000 pertes sont à déplorer du côté ukrainien en plus des 7110 civils morts, selon le décompte formel du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.