La rencontre initiee ce mercredi par le Kenya entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame n'aura pas lieu, en definitive.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC) "ne participera pas" à une réunion avec son homologue rwandais Paul Kagame, initialement prévue dans la journée à l’initiative du Kenya pour tenter de dénouer la crise dans l'est de la RDC, a annoncé mercredi l'agence de presse gouvernementale.
"Le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, ne participera pas au sommet virtuel des chefs d’États de la communauté des États d'Afrique de l'Est", officiellement "pour des raisons d'agenda", selon l'Agence congolaise de presse (ACP).
A la mi-décembre, une rencontre entre les deux dirigeants ennemis prévue à Luanda avait été annulée à la dernière minute. M. Tshisekedi était venu, mais pas M. Kagame.
Après l'échec de cette médiation angolaise, il n'aura fallu que quelques semaines au M23 et à ses alliés rwandais pour atteindre Goma, et y entrer dimanche soir.
Ils encerclaient déjà quasiment la ville depuis plusieurs jours, avec comme seules voies de sortie le lac Kivu au sud et la frontière rwandaise à l'est.
Mardi, la crise s'est soudain étendue à la capitale Kinshasa (ouest), située à l'autre bout de ce pays grand comme quatre fois la France.
Tension à Kinshasa
A Kinshasa, des manifestants en colère ont attaqué plusieurs ambassades, dont celles du Rwanda. Les ambassades de France, de Belgique et des Etats-Unis, des pays critiqués pour leur inaction dans cette crise, ont également été prises d’assaut.
Les Etats-Unis ont appelé dans la soirée leurs ressortissants à quitter la RDC, tandis que l'Union européenne a jugé les attaques contre les ambassades "inacceptables".
L'ONU, les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne ont exhorté Kigali à retirer ses forces de la région et à la cessation des hostilités. L'Union africaine a appelé au "plein respect" de "l'intégrité territoriale de la RDC", sans toutefois mentionner le Rwanda.
Lors d'un appel téléphonique avec Paul Kagame mardi, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a "appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la région" et au respect par "toutes les parties" de "l'intégrité territoriale souveraine" de la RDC, selon le département d'Etat.
Le président rwandais a, lui, salué cette "conversation productive", en évoquant sur X la "nécessité d'assurer un cessez-le-feu dans l'est de la RDC et de s'attaquer aux causes profondes du conflit une fois pour toutes".
Alors que le président congolais ne s'est pas exprimé depuis le début de la crise, son gouvernement a dénoncé une "déclaration de guerre du Rwanda" avec l'offensive sur Goma, et ajouté vouloir y "éviter le carnage". Kinshasa et Kigali ont coupé ces derniers jours toute relation diplomatique en rappelant leurs diplomates respectifs.
Crise humanitaire
Dix-sept soldats de la force régionale d'Afrique australe (SAMIRDC) et de la mission onusienne (Monusco), présentes dans la région en soutien à l'armée congolaise, ont été tués ces derniers jours dans des combats.
Les combats à Goma ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l'ONU, un demi-million de personnes ont été déplacées par les affrontements depuis début janvier.
Depuis fin 2021, le M23 et des troupes de l'armée rwandaise se sont emparés de vastes pans de territoire dans la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale, et y ont installé une administration parallèle.
Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23, né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante.
Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses richesses naturelles de la région, alors que le Rwanda, qui dément, dénonce la présence au Congo de groupes hostiles.
La résurgence du M23 en 2021 est également attribuée à une rivalité entre le Rwanda et l'Ouganda autour des ressources de la région.