Trump en croisade contre l’immigration
Le nouveau président américain a décrété, lundi, l'état d'urgence à la frontière avec le Mexique, ordonné à l'armée américaine d'en assurer la surveillance, et va s'attaquer au droit d'asile et au droit du sol.
"Je vais envoyer des troupes à la frontière sud pour repousser l'invasion désastreuse de notre pays", a lancé le septuagénaire, qui avait érigé l'immigration en priorité absolue de sa campagne électorale. / Photo: Reuters (Reuters)

Promise de longue date, cette flopée de décrets, signés dès le premier jour du nouveau mandat du président Donald Trump et dont certains semblent violer la Constitution, est vouée à être contestée devant les tribunaux.

Avec l'état d'urgence, "toutes les entrées illégales seront immédiatement stoppées et nous commencerons à renvoyer des millions et des millions d'étrangers criminels là d'où ils viennent", a martelé Trump lors de son discours d'investiture.

"Je vais envoyer des troupes à la frontière sud pour repousser l'invasion désastreuse de notre pays", a ajouté le septuagénaire, qui avait érigé l'immigration en priorité absolue de sa campagne électorale.

Lundi soir, il a signé un autre décret remettant en cause le droit du sol, qu'il a qualifié de "ridicule" face à la presse dans le Bureau ovale.

Or, revenir sur cette disposition prévue par le 14e amendement de la Constitution promet d'inévitables contestations judiciaires.

"Je pense que nous avons de bonnes justifications, mais vous pourriez avoir raison", a convenu Trump, lorsqu'il a été interrogé sur ce sujet.

"Restez au Mexique"

Le 47e président des Etats-Unis compte également reprendre la construction du mur frontalier et s'attaquer au droit d'asile, a annoncé Anna Kelly, la nouvelle porte-parole adjointe de la Maison Blanche.

"Nous allons accueillir beaucoup de travailleurs, mais il faut que l'immigration soit légale", a précisé Trump, lundi soir.

Le républicain va également réinstituer la doctrine "Restez au Mexique", mesure phare de son mandat précédent, selon Kelly.

Cette politique avait forcé des milliers de demandeurs d'asile originaires d'Amérique centrale à rester au sud de la frontière américaine, le temps que leur demande soit traitée par les tribunaux.

L'offensive de Trump a des effets immédiats pour des milliers de migrants.

Lundi, l'application CBP One, lancée par l'administration Biden pour leur permettre de prendre un rendez-vous afin de déposer leur demande d'asile avant d'entrer aux Etats-Unis, a cessé de fonctionner.

Cette action a déclenché des scènes de désespoir du côté mexicain de la frontière, où beaucoup ont découvert l'annulation de leurs rendez-vous.

"Tous les étrangers en situation irrégulière qui cherchent à entrer aux États-Unis doivent faire demi-tour", sous peine de "poursuites judiciaires et d'expulsion", a lancé sur X Stephen Miller, le directeur adjoint du cabinet de Trump.

Contestations judiciaires

L'offensive de Trump risque d'être contestée en justice par diverses associations et Etats démocrates. La Californie a, par exemple, récemment mis de côté 25 millions de dollars, pour financer d'éventuelles batailles judiciaires contre l'administration Trump.

"Nous nous attendons à des contestations judiciaires rapides", a rappelé Aaron Reichlin-Melnick, expert de l'American Immigration Council.

Selon lui, "un président ne peut pas supprimer" le droit du sol par simple décret.

"L'administration va vraiment essayer de repousser les limites" et voir si ses mesures "survivent aux tribunaux", a jugé Cris Ramon, de l'ONG UnidosUS, en rappelant que le rôle de l'armée est lui aussi circonscrit par la loi.

La présidence de Joe Biden a été marquée par un nombre record d'interpellations de migrants à la frontière, avant la mise en place d'importantes restrictions quelques mois avant l'élection présidentielle. Leur nombre a alors chuté drastiquement.

Pendant sa campagne, Trump a employé une rhétorique violente envers les migrants, qui "empoisonnent le sang" des Etats-Unis, selon lui. Le tribun soutient que l'augmentation de l'immigration clandestine a provoqué une vague de criminalité aux Etats-Unis, ce que démentent les statistiques officielles.

Lundi, il a annoncé son intention de désigner "les cartels comme des organisations terroristes étrangères", en promettant d'”éliminer la présence de tous les gangs et réseaux criminels étrangers” aux Etats-Unis.

Son administration compte réclamer la peine de mort pour les non-citoyens qui commettent des meurtres ou d'autres crimes majeurs.

TRT Français et agences