Ils sont mis en cause pour diverses infractions parmi lesquelles "faux et usage de faux" ou "complicité et recel de violation du secret professionnel", dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le jour même par le parquet de Paris, selon une source judiciaire.
Le premier policier, Malik N., et le lobbyiste, Tayeb B., ont été mis en examen notamment pour "corruption", le deuxième policier pour "trafic d'influence", selon une source proche du dossier.
Aucun en revanche n'a été mis en examen à ce stade pour l'infraction de "compromission du secret de la Défense nationale", sur laquelle porte aussi l'enquête.
Selon la source proche du dossier, le contrôle judiciaire des deux anciens policiers leur interdit d'exercer ce métier ou des activités de sécurité privée, tandis que le lobbyiste a fait l'objet d'un lourd cautionnement.
Dans ce dossier, débuté par une enquête préliminaire en juillet 2021, le trio est soupçonné d'avoir joué de ses relations pour transmettre des informations sensibles et confidentielles à des institutions, dont le club de football parisien. Il avait été placé en garde à vue lundi.
Selon une autre source proche du dossier, des transmissions de fichiers sont "avérées" à ce stade de l'enquête mais les mis en cause s'apparentent plus à des "arrivistes qui essayaient de briller" qu'à un "réseau structuré". Le dossier n'est pas encore "très solide", a abondé une troisième source proche.
Une source au PSG a assuré de son côté à l'AFP que pour l'instant le club n'était pas mis en cause et qu'il se mettait à disposition de la justice.
Ancien policier des services de renseignement (à la DCRI, devenue DGSI), Malik N. a été engagé en 2018 comme référent-supporters au PSG, mais a quitté le club récemment pour raisons personnelles, sans lien avec cette enquête, selon la même source interne au club.
"Notre client a un rôle totalement marginal dans une affaire à tiroirs multiples qui le dépasse et dont le retentissement pourrait être international", ont considéré ses avocats, Me William Bourdon et Vincent Brengarth.
Il a été mis en examen au début de l'été pour des infractions d'atteinte au secret de la Défense nationale dans l'enquête visant le journaliste Alex Jordanov et son livre dévoilant certaines méthodes de recrutement et de gestion des sources au sein de la DGSI.
C'est ce dossier qui aurait permis aux enquêteurs de remonter à des infractions liées aux deux autres hommes présentés jeudi à la justice.
"Tortures"
L'autre policier mis en cause est en disponibilité. Ancien collègue de Malik N. à la DCRI, ce second policier était en poste à la Direction de la coopération internationale de sécurité (DCIS) chargé du Moyen-Orient au moment des faits qui lui sont reprochés. Il se verrait notamment reprocher selon une autre source proche du dossier une intervention pour un titre de séjour au profit d’un investisseur irakien.
"Mon client n'a strictement rien à voir avec ce qui agite les médias depuis quelques jours. Il conteste le rôle qu'on lui attribue et reste confiant pour le démontrer", a réagi son avocat, Me Eric Morain.
Enfin, au coeur de ce dossier apparaît aussi Tayeb B., cité jeudi dans une enquête-fleuve de Libération comme le personnage central d'une affaire "explosive" liée au Qatar.
Selon le quotidien, ce lobbyiste franco-algérien au réseau important aurait détenu des informations compromettantes pour l'émirat et pour Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, et aurait été détenu pendant des mois au Qatar en 2020 dans des conditions inhumaines, avant d'accepter une transaction visant à troquer sa libération contre son silence.
Les avocats Me Francis Szpiner et Renaud Semerdjian ont affirmé "catégoriquement et strictement" dans un communiqué que l'information judiciaire ouverte ce jour n'avait "rien à voir avec Nasser Al-Khelaïfi", qu'ils défendent.
La troisième source proche du dossier a indiqué à l'AFP qu'à ce stade, les déclarations de Tayeb B. étaient fortement sujettes à caution.
Ce dernier a demandé dans deux plaintes déposées en août à Paris la désignation d'un juge d'instruction pour enquêter notamment sur des "tortures" au cours de sa détention, a indiqué une source proche du dossier.
L'avocat de Tayeb B. n'a pas commenté jeudi soir.