Emmanuel Macron a mis en garde jeudi contre la "menace" croissante de la Russie en Europe, soulignant que son influence ne se limite pas au champ de bataille en Ukraine, mais s’étend au cyberespace et à l’opinion publique.
Le Président français répondait aux questions des internautes sur les réseaux sociaux à propos de la situation en Ukraine et la sécurité européenne.
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"La Russie nous attaque sur l’information, le cyber, la migration", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que ces actions sont des formes de guerre hybride utilisées pour "déstabiliser nos démocraties".
Selon lui, Moscou ne se contente plus de l’affrontement militaire : "Elle nous provoque et elle nous teste en mer comme dans les airs", tout en menant des opérations agressives dans l’espace numérique.
Le chef de l’État français a évoqué une série d’attaques cybernétiques massives orchestrées par la Russie "à peu près partout en Europe", notamment contre les infrastructures critiques, les institutions et même les élections.
Il a cité l’exemple de la Roumanie, où, selon lui, Moscou a fomenté des manipulations électorales de grande ampleur. "C’est extrêmement grave et inédit", a-t-il dénoncé, rappelant que la Cour suprême roumaine a dû annuler une élection en raison de "l’ingérence russe".
Macron a également pointé du doigt l’usage massif des réseaux sociaux par la Russie pour influencer l’opinion publique. "Dès qu’il y a une information qui peut affaiblir la France, c’est démultiplié par cent, par mille, par les Russes et leurs fermes à trolls", a-t-il affirmé. Il a notamment cité l’exemple de la crise des punaises de lit, qui, selon lui, a été amplifiée artificiellement par des attaques informationnelles russes.
Dans ce contexte, le Président français a insisté sur la nécessité de renforcer la cybersécurité et l’éducation aux médias pour lutter contre ces nouvelles menaces. "On doit renforcer notre sécurité cyber, nos réseaux sociaux, nous protéger des interférences et des attaques", a-t-il martelé.
L’appel de Macron s’inscrit dans un positionnement plus large en Europe vis-à-vis de la Russie, au-delà du front ukrainien. La question de la "résilience démocratique" face aux "ingérences extérieures" demeure un enjeu central.
Pour rappel, cette initiative intervient alors que le Président français multiplie les consultations politiques et diplomatiques sur le conflit russo-ukrainien. Plus tôt jeudi, Emmanuel Macron avait réuni les chefs des partis politiques français à l’Élysée pour discuter des enjeux sécuritaires et des implications du conflit pour la France et l’Europe. Après cette session sur les réseaux sociaux, le chef d'État français s'est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Dans un contexte international tendu, marqué par des débats sur l’engagement occidental en Ukraine, les récentes déclarations du Président américain Donald Trump ont semé l’inquiétude en Europe. Qualifiant Zelensky de "dictateur", Trump a également suggéré que le soutien américain à l’Ukraine pourrait être revu à la baisse, ce qui a provoqué une réaction quasi unanime des dirigeants européens.
Face à ces préoccupations, Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont réaffirmé leur soutien à Kiev et appelé à des garanties de sécurité renforcées pour l’Europe.
Selon des sources diplomatiques, les deux dirigeants se rendront à Washington la semaine prochaine pour des discussions avec Donald Trump, pour clarifier la position des États-Unis et coordonner les efforts internationaux pour une sortie de crise.