Deux séismes, puis des milliers de répliques. Après les deux tremblements de terre de magnitude 7,7 et 7,6 qui ont ébranlé une grande partie du sud du pays le 6 février dernier, la terre continue de trembler en Turquie.
A ce jour, plus de 10 000 répliques, dont 2000 ressenties par la population, ont été recensées depuis la catastrophe. Ce phénomène naturel est inévitable, et peut s’étendre sur plusieurs mois après la première secousse.
“Il est impossible de donner une durée exacte. Est ce que cela va durer quatre, cinq, ou douze mois ? Nous ne le savons pas. Dans certains cas, cela peut même se poursuivre sur plusieurs années, mais cela reste assez exceptionnel”, ingénieur en risque sismique au service géologique français (BRGM).
Le chercheur met en lumière la corrélation entre la puissance du tremblement de terre principal, et la force de ses répliques: “Plus la longueur de la faille est grande, plus le séisme principal va être puissant et sa magnitude élevée, plus nous allons avoir des répliques pendant un temps long, et potentiellement avec des magnitudes importantes”.
Après chaque tremblement de terre, les répliques permettent aux failles de retrouver un point d’équilibre. Mais pour ce faire, la terre a besoin de bouger avant de se stabiliser à nouveau pour une durée indéterminée.
Pour imager ce phénomène, nous pouvons le comparer à “quelqu’un qui, pour se rendormir, bouge dans son lit afin de trouver la meilleure position de sommeil”, dépeint l’ingénieur.
Une tendance décroissante, mais dangereuse
Bien que les répliques soient de force inférieure à la première secousse, ces nouveaux séismes en chaîne restent très destructeurs et endommagent encore un peu plus les bâtiments fragilisés par le double séisme du 6 février.
Si la magnitude des répliques à tendance à décroître au fil des mois jusqu’à complètement disparaître, “il y a certains pics nettement plus puissants qui peuvent se manifester de manière imprévisible et dangereuse”, rappelle Samuel Auclair.
Alors que plusieurs répliques importantes ont été ressenties en Turquie avec des magnitudes 4 et 5, la plus forte enregistrée à ce jour, d’une magnitude de 6,4, a été enregistrée à Defne dans la province d’Hatay le 20 février.
À titre de comparaison, le tremblement de terre qui a frappé l’Italie centrale en 2016, causant la mort de près 300 personnes, était de magnitude 6,2.
Un écart de puissance considérable
Si la différence de force entre deux séismes de magnitude 7 et 6 semble minime, la réalité en est tout autre. Sur l’échelle de Richter, à chaque fois qu'une magnitude est passée, la puissance du tremblement de terre est multipliée par trente.
En somme, un séisme de magnitude 8 est 30 fois plus puissant qu’un autre de magnitude 7, 900 fois plus qu’un magnitude 6, 27 000 fois plus qu’un magnitude 5. Samuel Auclair précise également qu’un écart de magnitude de 0.2 correspond pratiquement à doubler l’énergie dissipée.