Les conservateurs britanniques ont largement perdu vendredi leur majorité dans deux des trois sièges en jeu lors d'élections partielles particulièrement scrutées à un an des législatives au Royaume-Uni, mais ils ont conservé de justesse la circonscription de l'ancien Premier ministre Boris Johnson.
Ces élections partielles sont vues comme un indicateur pour la période électorale qui s'annonce, tant pour la majorité conservatrice au plus bas dans les sondages après 13 années au pouvoir, que pour l'opposition travailliste qui rêve de Downing Street en 2024.
Le Premier ministre Rishi Sunak était pressenti pour devenir le premier chef de gouvernement à perdre trois sièges en une seule journée mais il a échappé à cette humiliation grâce à la victoire surprise de son camp dans l'ancienne circonscription londonienne de Boris Johnson, où les travaillistes étaient pourtant donnés gagnants.
Les Tories essuient par contre deux sérieux revers dans les autres circonscriptions en jeu: à Somerton and Frome (sud-ouest), la candidate Lib-Dem Sarah Dyke a évincé le conservateur sortant avec plus de 11.000 voix d'avance.
"Historique"
Et à Selby et Ainsty (nord de l'Angleterre), le Labour a réussi à renverser les Conservateurs qui disposaient jusque-là d'une majorité de plus de 20.000 voix. Il s'agit du plus gros renversement de majorité pour le Labour dans une élection partielle depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le vainqueur Keir Mather (16.456 voix contre 12.295 pour les Tories), 25 ans, a estimé dans un discours après les résultats que cela faisait "trop longtemps que les conservateurs, ici et à Westminster, nous ont laissé tomber".
Le leader travailliste Keir Starmer a, lui, salué "un résultat historique qui montre que les gens voient le Labour comme un parti qui a changé".
A Uxbridge et South Ruislip, dans l'ouest de Londres, les Tories ont réussi à conserver de justesse (13.965 voix contre 13.470) le siège en jeu après la démission en juin du Parlement de l'ancien Premier ministre Boris Johnson.
Les travaillistes, pourtant bien placés, ont souffert de l'impopulaire extension prochaine de la taxe sur les véhicules polluants, décidée par la mairie londonienne Labour, le problème "numéro un" dans la circonscription selon Steve Tuckwell, fraîchement élu.
Il s'agit d'une "nouvelle fantastique " qui "montre que les Conservateurs peuvent gagner à Londres et autour", a réagi Boris Johnson.
Scrutin "test"
Le scrutin "est un test sur ce que le pays ressent (...) après plusieurs années de crises dans la politique britannique", avait estimé jeudi à Uxbridge un électeur, Jonathan Haynes, en sortant du bureau de vote.
Avec deux larges défaites, le test n'est pas bon pour le gouvernement conservateur.
Rishi Sunak l'avait reconnu lui-même mercredi soir auprès des députés de son camp: ces élections s'annonçaient comme une "rude bataille" alors que l'inflation observée depuis plus d'un an, malgré un ralentissement à 7,9% en juin, a plombé le pouvoir d'achat des ménages et alimenté de nombreux mouvements sociaux.
La cote de confiance du Premier ministre de 43 ans -entré à Downing Street en octobre dernier après les départs forcés de Boris Johnson, emporté par les scandales, et de Liz Truss, délogée en moins de deux mois- est tombée cette semaine au plus bas, avec 65% des Britanniques qui ont une opinion défavorable de lui selon l'institut YouGov.
Pour ne rien arranger, son populaire ministre de la Défense Ben Wallace a annoncé la semaine dernière qu'il ne se représenterait pas, comme une cinquantaine d'autres députés.
Il quittera aussi le gouvernement au prochain remaniement, attendu en septembre. A moins que Rishi Sunak ne renouvelle son équipe dès cette semaine pour reprendre l'initiative.
De leur côté, les travaillistes, sous la houlette de Keir Starmer, jouissent d'une avance de plus de 10 points dans les sondages et rêvent de reprendre Downing Street après 13 ans de pouvoir conservateur. Ils ont déjà gagné six élections partielles depuis mars 2022, dont deux sièges ravis aux Tories.
Devenu un chantre de la responsabilité budgétaire, Keir Starmer s'est cependant attiré les foudres d'une partie de ses troupes cette semaine en s'opposant à de meilleures aides sociales aux familles nombreuses. Perçu comme peu charismatique, il est jugé défavorablement par la majorité des Britanniques.