M. Johnson, dont la candidature divisait profondément son parti conservateur, a affirmé dimanche soir dans un communiqué qu'il avait les 100 soutiens nécessaires pour se présenter, mais qu'il y avait renoncé, en raison des divisions dans la formation de droite.
"Ces derniers jours, je suis arrivé à la triste conclusion que ce ne serait simplement pas la bonne chose à faire. Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n'avez pas un parti uni au parlement" a ajouté l'ancien chef de gouvernement, qui avait quitté Downing Street début septembre, après un trop plein de scandales.
Il était rentré samedi de vacances dans les Caraïbes, pour s'assurer des 100 soutiens de députés nécessaires pour se présenter. Il a affirmé qu'il en avait obtenu 102.
Ce retrait ouvre la voie à la nomination à Downing Street de Rishi Sunak, 42 ans, candidat malheureux cet été contre Liz Truss, Première ministre éphémère qui a démissionné après seulement 44 jours au pouvoir.
Au cours d'un intense week-end de tractations, M. Sunak a annoncé dimanche sa candidature. "Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays", a-t-il déclaré sur Twitter, promettant "intégrité, professionnalisme et responsabilité".
Mordaunt s'accroche
Il est pour l'instant le seul candidat ayant les 100 soutiens nécessaires. L'autre candidate, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, en est loin. Il lui reste lundi matin pour y arriver, une tâche qui semble difficile. Elle a fait savoir dimanche soir qu'elle restait dans la course, se présentant comme celle qui pouvait unir le parti.
Si elle obtient les soutiens nécessaires et se maintient malgré l'avance de son rival, les adhérents devront les départager par un vote en ligne d'ici à vendredi.
Sinon, Rishi Sunak pourrait être nommé Premier ministre dès lundi soir, le cinquième depuis le référendum du Brexit de 2016, qui a ouvert une page de turbulences économiques et politiques au Royaume-Uni. Ce petit-fils d'immigrés indiens serait alors le premier non blanc à ce poste dans le pays.
"Nous serons toujours reconnaissants" à Boris Johnson, a-t-il déclaré dimanche soir sur Twitter, rappelant que son ancien patron, avec lequel il était à couteaux tirés depuis des mois, avait été l'homme du Brexit, celui de la mise en place à grande échelle d'une campagne de vaccination contre le Covid, et avait dirigé le pays durant "certains de ses défis les plus difficiles". Il a aussi mentionné son soutien à l'Ukraine depuis l'invasion de la Russie.
Johnson prend date
Toujours sûr de lui, M. Johnson, 58 ans, s'est lui dit convaincu qu'il aurait eu, s'il avait choisi d'être candidat, "une bonne chance (...) de retourner à Downing Street", dont il avait démissionné en juillet, poussé dehors par des dizaines de démissions dans son gouvernement, dont celle de M. Sunak.
Il s'est dit aussi "bien placé" pour mener son camp lors des prochaines législatives prévues dans deux ans.
Même s'ils ne le soutiennent pas, de nombreux députés conservateurs ont pris soin de professer leur affection pour Boris Johnson, éternel optimiste qui reste populaire auprès de la base du parti.
Mais pour beaucoup, y compris dans son camp, il est trop controversé pour revenir au pouvoir. D'autant qu'il fait toujours l'objet d'une enquête parlementaire, qui doit démarrer prochainement, pour établir s'il a menti au parlement sur le "partygate", ces fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-Covid.
Rishi Sunak, gardien de l'orthodoxie budgétaire et bourreau de travail, leur apparaît comme un meilleur choix alors que le pays traverse une grave crise économique et sociale, encore aggravée par les errements calamiteux de Liz Truss qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre.
M. Sunak avait régulièrement dénoncé cet été le plan économique de Liz Truss.