Dix ans après la Suède qui fait figure de pionnière, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, dans une démarche concertée, ont annoncé, le 22 mai, qu’ils reconnaissent désormais l’État de Palestine.
Une telle démarche, souligne l’Autorité palestinienne, porte à 142 sur 193 membres de l’ONU, le nombre de pays reconnaissant la Palestine comme État. Le tout avec une majorité des pays d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie et d’Europe de l’Est.
Pourtant, le 21 mai, la France a apporté son soutien à la Cour pénale internationale, quelques heures seulement après que le procureur Karim Khan a demandé l’émission de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
“C’est une occasion perdue pour être le premier membre de l’UE à reconnaître un État palestinien”, explique Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, dans une vidéo sur son compte Youtube.
Historiquement, la France a défendu l’adhésion de la Palestine à l’ONU. Elle continue à défendre la solution à deux États, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais traîne dans la reconnaissance d’un État palestinien.
“Le fond du problème est de considérer qu’il ne peut y avoir de paix durable au Proche-Orient que si la question palestinienne fait l’objet d’un juste règlement… À partir du moment où la communauté internationale reconnaît l’existence d’un peuple palestinien, ce peuple doit pouvoir disposer d’une patrie… “, déclarait Valéry Giscard d’Estaing en 1974.
Une déclaration forte qui subira un coup d’arrêt en 2005, avec notamment le réchauffement des relations diplomatiques entre Paris et Tel Aviv. Jacques Chirac accueillait à Paris Ariel Sharon, alors Premier ministre israélien.” À partir de là, la France sera moins allante dans le dossier israélo-palestinien”, souligne encore Pascal Boniface.
À présent, il y a comme un air d’immobilisme et de stagnation dans la position française au sujet de la reconnaissance de l’État palestinien, malgré la valse de présidents à l’Élysée : Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron.
Le vote, le 18 avril dernier de la France au Conseil de sécurité de l’ONU, en faveur de l’admission de la Palestine comme membre à part entière, contrairement aux États-Unis, semble rajouter à la confusion.
Les analystes de la vie politique française conviennent que le chef de l’État a les cartes en main. Rien ne l’empêche plus désormais de reconnaître la Palestine.
Les deux chambres du parlement français ont cautionné l’idée d’un État Palestinien, en 2011 pour le Sénat et en 2014, pour l’Assemblée nationale.
Adepte des décisions spectaculaires, Emmanuel Macron attend peut-être son heure pour frapper les esprits et entrer dans l’histoire comme le président français qui a reconnu la Palestine.