Pourquoi l'UNRWA, interdite en Israël, est-elle vitale pour la population de Gaza?
L’interdiction de l’UNRWA, agence vitale à Gaza qui fournit une aide indispensable à 2 millions de personnes, pourrait, selon les responsables de l’ONU, entraîner un effondrement humanitaire.
L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a été fondée fin décembre 1949 / Photo: DPA (DPA)

Un responsable de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, interdite d’opérer sur le territoire israélien, a déclaré que l'organisation était "irremplaçable" en raison de son réseau, qui permet de maintenir "en vie" la population de Gaza, dévastée par la guerre.

Une agence "irremplaçable"

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a été fondée fin décembre 1949 par l'Assemblée générale de l'ONU, à la suite du premier conflit qui a éclaté au lendemain de la création d'Israël en mai 1948.

Pour Jonathan Fowler, porte-parole de l'agence à Jérusalem, l'organisation représente l'épine dorsale du travail humanitaire dans les territoires palestiniens, en particulier à Gaza.

"L'UNRWA est irremplaçable, l'UNRWA est essentielle. Cela reste un fait, quelle que soit la législation adoptée hier", a déclaré M. Fowler, qualifiant le projet de loi de "scandaleux" lors d'un entretien avec l'AFP.

Avec environ 18 000 employés répartis entre la Cisjordanie occupée et Gaza, dont 13 000 enseignants et 1 500 personnels de santé, l'agence fournit une aide cruciale aux réfugiés palestiniens depuis sa création. En temps de paix, l’UNRWA gère 600 écoles, 140 cliniques, et accueille 45 000 élèves dans 58 camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie occupée, à Gaza, en Jordanie, au Liban, et en Syrie.

L'agence a pour mandat de fournir une aide humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens enregistrés dans sa zone d'opérations, "dans l'attente d'une solution juste et durable à leur situation." Environ 5,9 millions de Palestiniens, enregistrés auprès de l'UNRWA, bénéficient de services tels que l'éducation, les soins de santé, les services sociaux, les infrastructures des camps, la microfinance et une aide d'urgence, y compris en période de conflit armé.

Plus de 2 millions de personnes à Gaza dépendent de l’aide vitale fournie par l’UNRWA depuis le début de la guerre. Ces derniers mois, plusieurs écoles de l’agence, transformées en refuges, ont été frappées par l’armée. Selon l'UNRWA, 230 de ses employés ont été tués depuis le début de la guerre.

Appel à la communauté internationale

M. Fowler a déclaré que l'UNRWA espérait que la décision serait annulée, ajoutant qu'il n'était pas "envisageable de la remplacer".

"Il appartient à la communauté internationale et aux autorités israéliennes, en tant que membres de la communauté internationale, de dire quel est le plan B" si la décision venait à être effectivement appliquée dans trois mois, comme l'a annoncé le Parlement.

Contrairement à d'autres agences onusiennes qui travaillent avec des partenaires externes tels que des écoles ou des hôpitaux pour fournir des services qu'elles financent et coordonnent, l'UNRWA emploie ses propres enseignants et personnels de santé.

"L'ensemble du système des Nations unies, ainsi que d'autres acteurs internationaux, comptent sur les réseaux logistiques de l'UNRWA et sur son personnel pour faire le nécessaire afin de tenter de maintenir la population de Gaza en vie. Nous en sommes l'épine dorsale", a souligné M. Fowler.

Jens Elder, porte-parole de l'UNICEF, actuellement impliqué dans une campagne de vaccination de masse à Gaza avec l'UNRWA, a évoqué les enjeux logistiques lors d'un point presse mardi à Genève.

"Si l'UNRWA n'est pas en mesure d'opérer, le système humanitaire à Gaza s'effondrera probablement. L'UNICEF sera incapable de distribuer des fournitures vitales", a-t-elle déclaré.

Agences