ONU: une commission accuse Israël de crimes contre l'humanité
Israël est responsable de crimes contre l'humanité, notamment le crime d’"extermination", dans la bande de Gaza, selon une commission d'enquête de l'ONU.
Relatives of those who lost their lives as a result of the Israeli army's attack mourn as their bodies are brought to al-Aqsa Martyrs Hospital for burial in Deir al Balah, Gaza, June 11, 2024. (Others)

"Les crimes contre l'humanité d'extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d'actes de torture et de traitements inhumains et cruels, ont été commis" par Israël, conclut dans un rapport cette commission, créée en mai 2021 par le Conseil des droits de l'Homme.

A l'inverse du génocide, les crimes contre l'humanité ne doivent pas obligatoirement prendre pour cible un groupe de population particulier pour être qualifiés comme tel mais peuvent viser toute population civile, selon l'ONU. Ils doivent toutefois être commis dans le cadre d'attaques à grande échelle, contrairement aux crimes de guerre qui peuvent être des faits isolés.

Selon les enquêteurs onusiens, aussi bien les autorités israéliennes que "la branche militaire du Hamas et six autres groupes armés palestiniens" sont "responsables" de "crimes de guerre".

"Il est impératif que tous ceux qui ont commis des crimes soient tenus pour responsables", a déclaré la présidente de la commission, la Sud-Africaine Navi Pillay, dans un communiqué.

"La seule façon de mettre un terme aux cycles récurrents de violence, y compris d'agression et de représailles de la part des deux parties, est de garantir le strict respect du droit international", a ajouté cette avocate qui fut Haute-Commissaire aux droits de l'homme, présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

La commission a pour mandat d'enquêter dans les territoires palestiniens occupés et en Israël sur les violations présumées des droits de l'homme et d'étudier toutes les causes profondes du conflit israélo-palestinien.

Elle accuse les autorités israéliennes d'"entraver" ses investigations et de lui interdire l'accès à Israël et aux territoires occupés. Le rapport s'appuie sur des entretiens avec des victimes, réalisés à distance et au cours d'une mission en Turquie et en Egypte, et sur des documents, dont des rapports médico-légaux et des images satellite.

"Israël doit cesser ses opérations"

"Israël doit immédiatement cesser ses opérations militaires et ses attaques à Gaza, y compris l’assaut sur Rafah", a exigé Mme Pillay.

"Le Hamas et les groupes armés palestiniens doivent immédiatement cesser leurs tirs de roquettes et libérer tous les otages. La prise d’otages constitue un crime de guerre", a-t-elle poursuivi.

A Gaza, plus de 37.100 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis Octobre par les bombardements et les opérations militaires israéliennes terrestres, selon des données du ministère de la Santé.

Concernant l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, la commission affirme que les autorités israéliennes sont "responsables de crimes de guerre", citant, entre autres, l'utilisation de la famine comme méthode de guerre, des attaques intentionnellement dirigées contre des civils, les violences sexuelles, les tortures et les transferts forcés.

En Cisjordanie occupée, la commission a constaté que les forces israéliennes avaient "commis des actes de violence sexuelle, de torture, des traitements inhumains ou cruels et des atteintes à la dignité personnelle, qui constituent tous des crimes de guerre". Elle affirme aussi que le gouvernement et les forces israéliennes y "ont permis, encouragé et incité à une campagne de violence menée par les colons".

Le rapport souligne aussi que les déclarations de responsables israéliens – "y compris celles reflétant la politique consistant à infliger des destructions généralisées et à tuer un grand nombre de civils" - peuvent constituer des crimes internationaux graves, tels que l'incitation au génocide ou aux discriminations et à la violence.

L'ambassade d'Israël à Genève a immédiatement accusé la commission de "discrimination systématique" à l’encontre de Tel Aviv.

La Commission d'enquête "a prouvé une fois de plus que ses actions sont toutes au service d’un agenda politique focalisé contre Israël", a dénoncé l'ambassadrice d'Israël auprès de l'ONU à Genève, Meirav Shahar, dans un communiqué.

Agences