La crise humanitaire à Rafah a atteint un point critique, l'espace où les civils peuvent se rassembler et chercher refuge devenant de plus en plus limité et encombré, a déclaré, lundi, le chef du bureau de l'OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU) dans le territoire palestinien assiégé.
Faisant part de ses observations lors d'une récente visite à Gaza, Andrea De Domenico a souligné la situation alarmante qui prévaut à Rafah et l'impact dévastateur des frappes aériennes israéliennes sur les civils.
“Les événements qui se sont déroulés à Rafah depuis le 7 mai, avec le déplacement de près d'un million de personnes qui ont trouvé refuge pendant des mois à Rafah et qui se retrouvent maintenant déplacées d'un seul coup... Il en résulte que l'espace de plus en plus étroit laissé aux civils pour se rassembler ou partir devient de plus en plus limité et de plus en plus encombré“, a déclaré De Domenico lors d'un point de presse virtuel à l'ONU.
Gaza, les zones sûres surpeuplées
La population de Gaza est “très accueillante, ce sont des hôtes formidables“, a soutenu le responsable de l'OCHA, ajoutant que tous les hôpitaux de Rafah “ne fonctionnent plus“ et qu'il n'existe plus que des hôpitaux de campagne.
Avec “plus ou moins 950.000 personnes “ayant quitté Rafah“ l'environnement opérationnel reste extrêmement difficile“ dans la région, a relevé le responsable onusien.
Revenant sur les déclarations de responsables israéliens, suggérant que la guerre contre Gaza se poursuivrait jusqu'à la fin de l'année, De Domenico a affirmé : “”la perspective d'une guerre qui durerait jusqu'à la fin de l'année est tout simplement terrifiante à mes yeux”.
“Je réfléchissais un peu à toute cette dynamique de critiques à l'égard de l'incapacité des Nations unies à fournir de l'aide humanitaire. Je l'ai vécue sur le terrain ces trois dernières semaines et j'ai pu constater à quel point il est compliqué d'opérer”, a-t-il dit.
Les humanitaire souvent incapables de livrer de l'aide
Et d'ajouter : “Je pense qu'il n'y a pas d'autre endroit au monde où le système a été soumis à un tel niveau de défis et de contraintes“.
En effet, plus de 36 400 Palestiniens sont morts depuis qu'Israël a déclenché sa guerre contre Gaza il y a huit mois. La grande majorité des morts sont des femmes et des enfants, et plus de 82 600 autres ont été blessés, selon les autorités sanitaires locales. De vastes pans de la bande de Gaza sont aujourd'hui réduits à l'état de ruines, alors qu’Israël impose un blocus paralysant à l’enclave, privant la population de denrées alimentaires, d'eau potable et de médicaments.
D’un autre côté, Israël est poursuivi pour “crime de génocide“ devant la Cour internationale de Justice (CIJ) qui, dans sa dernière ordonnance, a enjoint Tel-Aviv de mettre immédiatement fin à ses opérations dans la ville de Rafah, au sud de la Bande de Gaza, où plus d'un million de Palestiniens ont cherché refuge avant que la ville ne soit envahie, le 6 mai dernier.
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