“La tentative de démantèlement de l'accord de Nouméa porte gravement atteinte aux droits humains et à l'intégrité du processus global de décolonisation”, disent les experts de l’ONU. Ils demandent l’abrogation complète de la réforme du corps électoral.
En fait, ces experts internationaux indépendants critiquent la façon dont la France essaie de ne pas respecter l’esprit des Accords de Matignon pour maintenir sa présence dans cet archipel du Pacifique. Ces accords signés en 1988 prévoyaient un processus de consultation du peuple calédonien sur son avenir.
Les quatres experts des droits de l'homme dressent le bilan des émeutes et dénoncent un usage excessif de la force : “169 blessés, 2.235 arrestations y compris des d’arrestations et détentions arbitraires et plus de 500 victimes de disparitions forcées.” Aucun détail n’est donné sur ces “disparitions forcées”.
L’abrogation de la réforme du corps électoral
Habitués des processus de décolonisation, ces quatre experts missionnés par l'ONU critiquent l’organisation du fameux troisième référendum sur l’indépendance organisé en pleine pandémie en 2021 “au mépris du deuil coutumier Kanak et malgré les objections des autorités et organisations coutumières Kanakes”.
Pour rappel, lors de ce troisième référendum, le “Oui” à la France l’a remporté et ferme pour les partis non-indépendantistes la période de consultation sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ce référendum à marche forcée a laissé aux partis indépendantistes le sentiment d’avoir été manipulés et a fait le lit d’une colère qui a éclaté en mai dernier avec la réforme du corps électoral. Les Kanaks estiment que cette réforme allait diminuer leur poids politique.
Les experts demandent, en conclusion, au gouvernement français de “garantir l’État de droit et de travailler avec le Comité spécial de la décolonisation et les autorités coutumières kanakes pour faire respecter le principe d'irréversibilité de l'Accord de Nouméa”. Comme la France s’y est engagée, concluent-ils.