Au Niger, les militaires au pouvoir sont soumis depuis dimanche à de multiples pressions pour les acculer à restituer le pouvoir au président Mohamed Bazoum, renversé par la force le 30 juillet dernier.
Outre les pressions diplomatiques et la menace d'une intervention militaire des "casques blancs" de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les sanctions économiques ont été immédiates.
Embargo économique
Les chefs d'État de la sous-région, réunis le 30 juillet à Abuja, ont décidé d'isoler économiquement le pays. La Cédéao a décidé de fermer les frontières terrestres et aériennes, mais a aussi suspendu toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres et le Niger.
Ce groupement régional a également gelé les avoirs nigériens détenus à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCAO).
Le Nigeria qui fournit plus de 50% de l'électricité consommée au Niger, a cessé d'alimenter son voisin depuis mardi dernier, menaçant de plonger une partie du pays dans le noir.
Dans la foulée, la Banque mondiale a annoncé mercredi la suspension des déboursements en faveur du Niger.
“La Banque mondiale a suspendu les déboursements pour toutes ses opérations et jusqu'à nouvel ordre", a déclaré l'institution financière dans un communiqué, assurant qu’elle “surveille la situation avec attention”.
L'ensemble des interventions de la Banque mondiale dans le pays se chiffrait à 1,5 milliard de dollars en 2022, d'après les données rendues publiques par l'institution.
Le FMI, lui, ne s'est pas encore prononcé sur la suite à donner à ses opérations dans le pays.
Une dynamique menacée
Pays continental, le Niger est extrêmement dépendant de ses voisins pour toutes les transactions commerciales. Le premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou, a déclaré mercredi à Radio France Internationale que les sanctions de la Cédéao seraient "un désastre" pour le pays, l'un des plus pauvres de la planète. Le Niger est classé 189e sur 191 à l'indice de développement humain.
Pourtant, ces derniers temps, le FMI affichait son optimisme au regard des résultats économiques du pays.
L'institution monétaire projette un taux de croissance de 6,9% cette année et presque le double, 12,5% en 2024. Une dynamique qui risque d'être remise en question par les sanctions économiques.