Des dizaines de milliers d'Israéliens ont protesté samedi soir contre le projet du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à renforcer le contrôle du gouvernement sur la Cour suprême, malgré les tensions accrues provoquées par les raids israéliens dans la mosquée d'Al Aqsa.
Les dirigeants du mouvement de protestation populaire contre le remaniement judiciaire ont appelé à poursuivre comme prévu samedi la manifestation de masse hebdomadaire, avec des dizaines de milliers de personnes présentes pour la 14e semaine consécutive.
Les organisateurs ont déclaré qu'environ 258 000 personnes étaient présentes, mais la police n'a pas donné de chiffres.
Dans le centre de Tel Aviv, des foules agitant les drapeaux israéliens se sont rassemblées en signe de défi face à des projets qu'elles considèrent comme une menace existentielle contre la démocratie israélienne.
"La sécurité est une chose, mais la réforme en est une autre", a déclaré Amitay Ginsberg, un étudiant de 26 ans. "Nous allons quand même venir ici et dire haut et fort que nous ne laisserons pas passer cette réforme.”
Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles étai écrit "Sauvez la démocratie !", "Liberté pour tous !" et "Netanyahou nous mène à la guerre".
D'autres manifestations, moins importantes, ont eu lieu dans la ville centrale de Kfar Saba, à Haïfa dans le nord et dans la partie occupée de Jérusalem.
Ces propositions, qui donneraient au gouvernement un contrôle effectif sur la nomination des juges de la Cour suprême et permettraient au parlement d'annuler de nombreuses décisions de la Cour, ont provoqué l'une des plus graves crises internes de l'histoire récente d'Israël.
Des centaines de milliers de manifestants, dont des réservistes de l'armée, des chefs d'entreprise, des membres de l'industrie technologique israélienne et d'éminents universitaires, ont pris part au mouvement, s'opposant aux partisans de la coalition religieuse-nationaliste de M. Netanyahou.
Les partisans du gouvernement, qui accusent les juges activistes d'usurper de plus en plus le rôle du parlement, affirment que la réforme est nécessaire pour rétablir un bon équilibre entre le pouvoir judiciaire et les politiciens élus.
Pour leur part, les détracteurs estiment qu'elle supprimera certains des mécanismes de contrôle essentiels qui sous-tendent un État démocratique et qu'elle va conférer au gouvernement un pouvoir sans contrôle.
Avant les manifestations, la police avait demandé à la population de laisser les routes libres afin de permettre aux services d'urgence de circuler librement à la suite de l'attaque à la voiture piégée sur une promenade populaire de Tel-Aviv.
Les protestations de samedi sont les dernières d'une série de manifestations contre ces projets - interrompus le mois dernier face à une vague de grèves et de manifestations de masse - et interviennent alors qu'Israël est confronté à un regain des tensions sur plusieurs fronts pendant le mois sacré musulman du Ramadan.