Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné jeudi au chef du Mossad de se rendre au Qatar pour participer à de nouvelles discussions sur un cessez-le-feu pouvant permettre la libération des otages retenus à Gaza par le Hamas.
Le chef des services spéciaux israéliens, David Barnea, est donc attendu à Doha vendredi où il doit rencontrer Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, le Premier ministre du Qatar, un des médiateurs dans le conflit à Gaza, a précisé une source proche des négociations.
8 Palestiniens tués
A Gaza, au moins quatre Palestiniens ont été tués, dont deux femmes, lors de frappes aériennes israéliennes sur deux maisons.
L'hôpital Al-Awda du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, a confirmé que l'établissement "avait reçu deux martyrs et plusieurs blessés à la suite d'une frappe aérienne sur la maison de la famille Sarraj dans le camp de Nuseirat".
L'agence de défense civile de Gaza a déclaré avoir récupéré les corps de deux femmes et transporté plusieurs blessés dans les décombres de la maison des Bardawil, frappée par un avion de guerre israélien dans le quartier de Daraj.
Quatre autres Palestiniens ont été tués lors d’une attaque militaire israélienne sur la ville de Jénine en Cisjordanie, a rapporté vendredi le ministère palestinien de la santé.
Plusieurs Palestiniens ont été asphyxiés par les gaz lacrymogènes de l'armée israélienne dans la ville de Beita, au sud de Naplouse, en Cisjordanie occupée, a rapporté l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.
On indique de même source que les soldats ont tiré des volées de grenades assourdissantes et de bonbonnes de gaz en direction de jeunes, provoquant l'asphyxie de plusieurs d'entre eux.
"Où aller?"
L'armée israélienne a lancé une offensive aérienne puis terrestre à Gaza qui a fait jusqu'à présent 38.011 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Selon la Défense civile, sept personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dont cinq dans une école de la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinien assiégé et bombardé par Israël depuis près de neuf mois. Des combats ont continué principalement dans le quartier de Choujaïya de la ville de Gaza.
Des témoins ont fait état de tirs d'artillerie israéliens dans la nuit de jeudi à vendredi et de frappes aériennes plus tôt dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès ainsi qu'à Rafah, ville frontalière avec l'Egypte, où une violente fusillade a eu lieu, selon des témoins.
Sept corps ont été retrouvés jeudi dans le quartier de Tal Al-Sultan, à l'ouest de Rafah, dont "trois en état de décomposition", a indiqué à l'AFP un responsable de la Défense civile.
Ces dernières semaines, les combats ont repris dans plusieurs régions que l'armée avait dit contrôler, dont Choujaïya.
Depuis l'ordre d'évacuation de l'armée, des dizaines de milliers de Palestiniens ont quitté des secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès, une nouvelle fois jetés sur les routes du territoire dévasté, en quête d'eau, de nourriture et d'abris.
"Nous sommes partis mais nous ne savons pas où aller", a témoigné Oum Malek Al-Najjar, qui a quitté avec ses enfants l'est de Khan Younès.
Tensions avec le Hezbollah
Le Hezbollah pro-iranien a ouvert un front avec le voisin israélien, en soutien au Hamas, et depuis les échanges de tirs dans les zones frontalières sont quotidiens, gagnant parfois en intensité et doublés d'une rhétorique belliqueuse.
Jeudi, le mouvement libanais a tiré plus de 200 roquettes et drones explosifs sur le nord d'Israël et le Golan occupé, faisant redouter un nouveau conflit dans la région, au lendemain d'un premier barrage de roquettes.
Ces tirs, a prévenu le Hezbollah, sont en riposte à l'élimination mercredi par Israël d'un de ses commandants dans le sud du Liban.
Après avoir fait état d'alertes partout dans le nord d'Israël, jusqu'au Golan occupé, l'armée israélienne a indiqué qu'"environ 200 projectiles" avaient été identifiés. La plupart ont été interceptés et la chute de débris a provoqué des incendies dans plusieurs régions.
Elle a ensuite précisé, sur Telegram, avoir frappé deux infrastructures du Hezbollah dans le sud Liban.
Un soldat a été tué par le tir d'une roquette dans le nord d'Israël, selon une source militaire.
En représailles, l'armée a mené des frappes contre des "installations militaires" dans le sud du Liban.
"Dans la dure campagne contre le Liban, nous avons établi un principe: quiconque nous fait du mal est un homme mort", a déclaré M. Netanyahu lors d'une visite au QG de l'armée de l'air à Tel-Aviv.
Principal allié d'Israël, les Etats-Unis avaient averti qu'une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait provoquer un "conflit régional".
"Beaucoup à faire"
Dans le territoire palestinien en proie à une catastrophe humanitaire, 1,9 million d'habitants de Gaza, soit 80% de la population, sont à présent déplacés, selon l'ONU.
Alors que toutes les tentatives d'un accord pour une trêve à Gaza ont échoué ces derniers mois, le bureau de M. Netanyahu a annoncé jeudi que "le Premier ministre a fait part au président (américain Joe) Biden de sa décision de dépêcher une délégation pour poursuivre les négociations en vue de la libération des otages".
"Il a rappelé qu'Israël était avant toute chose déterminé à mettre un terme à la guerre seulement si tous ses objectifs sont remplis", est-il précisé. Les derniers éléments fournis par le Hamas "pourraient fournir la base nécessaire pour conclure un accord", a indiqué un haut responsable américain qui a requis l'anonymat. Mais "il reste beaucoup à faire sur certaines étapes de mise en oeuvre", a-t-il indiqué, en prévenant que ce serait "difficile".
Jusque-là les belligérants ont campé sur des positions inflexibles.
Benjamin Netanyahu affirme vouloir continuer la guerre jusqu'à "la destruction du Hamas et la libération de tous les otages". Et le Hamas réclame un cessez-le-feu permanent et un retrait total israélien de Gaza avant tout accord sur une libération d'otages.