Musk menace de ne plus financer le réseau internet Starlink en Ukraine
Elon Musk a menacé vendredi de ne plus faire financer par sa compagnie SpaceX le réseau internet Starlink en Ukraine, crucial pour le gouvernement et l'armée depuis le début de la guerre, un appel du pied aux autorités américaines.
Musk menace de ne plus financer le réseau internet Starlink en Ukraine (Others)

Depuis le début de la guerre en Ukraine, SpaceX y a livré des milliers de terminaux qui permettent d'assurer une connexion à internet grâce à une constellation de satellites formant le réseau Starlink.

Quelque 25.000 terminaux ont ainsi été déployés dans le pays à date, selon Elon Musk.

Selon le directeur général de SpaceX, l'opération a déjà coûté 80 millions de dollars à la société et la facture devrait atteindre 100 millions d'ici la fin de l'année.

Vendredi, le bouillant entrepreneur a prévenu, via Twitter, que l'entreprise spatiale "ne (pouvait) pas continuer à financer indéfiniment le système existant et envoyer des milliers de terminaux supplémentaires (...). Ce n'est pas raisonnable."

Selon CNN, SpaceX a envoyé, le mois dernier, une lettre au Pentagone pour lui indiquer qu'il ne pouvait plus assumer les coûts du service en Ukraine.

La société demandait, selon CNN, au ministère américain de la Défense de prendre le relais du financement de l'utilisation de Starlink par le gouvernement ukrainien et son armée, dont le coût était estimé à 400 millions de dollars pour les 12 mois à venir.

Une porte-parole du Pentagone a confirmé vendredi à l'AFP que le ministère de la Défense avait reçu une lettre de SpaceX "au sujet du financement de Starlink (...) en Ukraine. Nous restons en contact avec SpaceX à ce sujet ainsi que sur d'autres."

Alternatives possibles

Le réseau Starlink a contribué à maintenir une couverture internet dans les régions d'Ukraine frappées par l'armée russe. En juin, environ 15% des infrastructures internet existantes en Ukraine avaient été détruites ou endommagées, selon les autorités.

Les opérateurs ukrainiens de télécommunications ont, par ailleurs, été ciblés par de nombreuses cyberattaques.

L'appui du réseau Starlink "a été très important" pour le gouvernement et l'armée ukrainienne "pour coordonner la plannification et les opérations au cours des sept ou huit derniers mois", a indiqué un responsable du ministère américain de la Défense, sous couvert d'anonymat.

"Soyons honnêtes. Quoi qu'on en pense, Elon Musk nous a aidé à survivre aux moments les plus critiques de la guerre", a commenté, sur Twitter, Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la président ukrainienne.

"Les entreprises ont le droit d'avoir leur propre stratégie", a-t-il ajouté. "Nous trouverons une solution pour que Starlink continue à fonctionner. Nous espérons que la société fournisse une connexion stable jusqu'à la fin des négociations."

Une porte-parole du Pentagone a indiqué qu'il existait des alternatives possibles à Starlkink en matière de réseau satellitaire, tout en précisant que le gouvernement américain n'entendait pas "abattre ses cartes" dès maintenant sur le sujet.

Elon Musk assure qu'à l'exception d'un "faible pourcentage", l'ensemble des coûts du déploiement et du maintien des terminaux Starlink en Ukraine ont été pris en charge par SpaceX.

Mais l'Agence américaine pour le développement international (USAID) a indiqué, en avril, avoir acheté 1.330 terminaux à SpaceX pour les livrer en Ukraine.

L'intervention d'Elon Musk intervient quelques jours après un vif échange entre celui qui est aussi patron de Tesla et des responsables ukrainiens, notamment le président Volodymyr Zelensky.

L'exécutif ukrainien n'avait pas apprécié qu'Elon Musk soumette à ses abonnés sur Twitter un plan de paix prévoyant, entre autres, le renoncement à la Crimée de l'Ukraine, qui aurait hérité d'un "statut neutre".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu avec un autre sondage pour ses abonnés: "Quel Elon Musk préférez-vous, celui qui soutient l'Ukraine ou celui qui soutient la Russie?"

"Ma réponse très diplomatique est d'aller vous faire voir", a lancé pour sa part l'ambassadeur ukrainien en Allemagne Andriï Melnyk.

AFP