Un groupe de manifestants s'est rassemblé devant la salle Pleyel, où se tiendra l'assemblée générale de la société d'énergie. Les manifestants, qui accusent l'entreprise de contribuer au changement climatique, ont scandé des slogans tels que "Total assassin" et "un, deux et trois degrés, c'est Total qu'il faut remercier".
Une dizaine d'entre eux, qui s'étaient assis devant l'entrée, ont été délogés par les forces de l'ordre et des échauffourées ont eu lieu. La police a fait usage de bombes lacrymogènes pour déloger les manifestants.
Dans un communiqué commun publié en avril, des groupes d'activistes, dont Alternatiba, les Amis de la Terre, Attac et Greenpeace, avaient déclaré qu'ils n'autoriseraient pas la tenue de l'assemblée générale de TotalEnergies.
La réunion arrive à la fin d'une saison d'AG houleuses, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l'expansion de projets d'hydrocarbures.
Le tout sur fond de profits faramineux: ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.
Signe des tensions attendues, TotalEnergies interdira aux actionnaires et aux journalistes d'utiliser leurs téléphones portables, et les obligera à laisser certains effets personnels à l'entrée.
Des manifestations similaires ont eu lieu l'année dernière, lorsque des manifestants ont empêché la quasi-totalité des actionnaires du groupe TotalEnergies d'entrer dans la salle.
TotalEnergies n'est pas la seule entreprise du secteur de l'énergie à être prise pour cible par les défenseurs du climat.
Les activistes avaient interrompu la réunion annuelle du géant pétrolier Shell à Londres lors d'une manifestation mardi et celle de BP le 27 avril.
Hausse de 10% du salaire du PDG en vue -
Parmi les sujets brûlants, les quelque 1,5 million d'actionnaires individuels, présents ou en ligne, sont appelés à voter sur une résolution consultative émanant de l'organisation d'actionnaires activistes Follow This, qui s'attaque principalement aux émissions indirectes de CO2.
Autrement dit celles liées à l'utilisation du pétrole par ses clients dans les voitures ou pour se chauffer, l'équivalent de 85% de son empreinte carbone.
L'organisation, qui rassemble 17 investisseurs qui, détenant près de 1,5% de TotalEnergies, lui demande d'aligner ses objectifs de réduction sur l'Accord de Paris de 2015, afin de limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Le groupe recommande de voter contre, jugeant la résolution "contraire aux intérêts" de TotalEnergies, "de ses actionnaires et de ses clients".
La major va néanmoins faire valoir ses efforts pour le climat et appelle ses actionnaires à "voter en faveur" de sa propre résolution climatique.
Cette stratégie officielle se concentre surtout sur ses émissions directes, issues de ses opérations et celles liées à l'énergie qu'elle consomme.
Même si le groupe n'envisage pas de baisser drastiquement ses émissions directes dans la décennie, il entend consacrer un tiers de ses investissements dans les énergies bas carbone et atteindre 100 GW de capacités d'électricité renouvelable d'ici 2030.
"Ce sont les revenus des hydrocarbures qui nous permettent d’investir massivement et de développer les renouvelables", a fait valoir le PDG Patrick Pouyanné mercredi dans une interview au magazine Challenges.
Le groupe est présent dans de nombreux projets de gaz naturel liquéfié et de pétrole, aux Emirats arabes unis, en Irak, en Papouasie ou encore en Ouganda, avec le projet controversé de l'oléoduc chauffé Eacop devenu un symbole médiatisé de la lutte anti-pétrole.
"On (n')a pas su anticiper", a concédé à Challenges M. Pouyanné au sujet de cette polémique, qui s'ajoute à bien d'autres pour le groupe, critiqué pour son bénéfice record de 20,5 milliards de dollars (19,12 milliards d'euros) en 2022, ses impôts en France ou le salaire du PDG.
Une hausse de 10% de sa rémunération pour 2023 est d'ailleurs à l'ordre du jour de l'AG.
La Russie condamne
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, a critiqué ce vendredi la répression policière contre des manifestants devant la Salle Pleyel.
Dans un post sur Telegram, Zakharova, a partagé une vidéo de l’agence Sputnik montrant le gazage des manifestants par la police française, accompagné du commentaire suivant : “Après cela, Paris n'a pas le droit de critiquer un pays pour “non-respect des droits de l'homme ni pour le recul des libertés démocratiques”".