Mali: suspension des activités des partis politiques
Les militaires au pouvoir au Mali ont suspendu les partis politiques, “pour des raisons d’ordre public”, alors que le pays est toujours sous la menace des groupes terroristes et d’une rébellion séparatiste dans le nord.
L colonel Assimi Goita, le président de la transition malienne. Photo : Présidence du Mali (Others)

Les activités à caractère politique des partis et des associations sont interdites au Mali, "jusqu'à nouvel ordre" en raison des "discussions stériles" et de la "subversion", d’après une annonce du gouvernement.

"Sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, pour raisons d'ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l'étendue du territoire national", a indiqué un décret promulgué en conseil des ministres par le président de transition, le colonel Assimi Goïta.

Pressés par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), les militaires, qui ont pris le pouvoir en août 2020 en renversant le président Ibrahim Boubacar Keïta, s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard le 26 mars 2024, après l’organisation des élections présidentielles.

"On ne peut pas mener un dialogue aussi crucial que l'est le dialogue direct inter malien dans la cacophonie et la confusion", a souligné le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga. "On ne peut pas accepter que des forces politiques, pour une raison ou une autre, prennent en otage une initiative aussi salvatrice", a-t-il insisté.

Plusieurs partis et organisations de la société civile se sont cependant émus dans une déclaration commune rendue publique le 31 mars du "vide juridique et institutionnel" laissé selon eux par le non-respect de l'échéance du 26 mars. Ils ont réclamé des militaires une "concertation rapide et inclusive" pour la tenue de la présidentielle "dans les meilleurs délais" et se sont réservés la possibilité de "toutes les voies légales et légitimes" pour le retour des civils.

- "Phase critique" -

"On n'est pas du tout dans un vide juridique, la transition continue", a rétorqué le colonel Maïga en parlant de la période supposée transitoire entre l'arrivée au pouvoir des colonels et la rétrocession de celui-ci à des civils.

Le colonel Maïga a aussi invoqué la poursuite de la lutte contre les groupes armés terroristes et les indépendantistes touareg.

"Le Mali est dans une phase critique", a-t-il déclaré. "Dans ces circonstances, on ne peut pas accepter que des débats politiques stériles nous ramènent là d'où nous venons", a-t-il dit.

Le communiqué du conseil des ministres annonce par ailleurs l'extension du périmètre de sécurité autour de l'aérodrome militaire et de la poudrière de la cité garnison de Kati à une quinzaine de kilomètres de Bamako.


TRT Français et agences