Les représentants du chef des forces armées dans l'est de la Libye, Khalifa Haftar, au sein du comité militaire mixte (5 + 5), ont annoncé, ce samedi, la suspension de leurs travaux au sein dudit comité, jusqu'à la satisfaction de leurs demandes qui concernent entre autres, l'arrêt de la coopération avec le gouvernement d'union nationale et la suspension des exportations de pétrole.
C’est ce qui ressort d’un communiqué relayé par la chaîne locale privée Al-Massar TV, en réponse au refus du gouvernement d'union nationale, dirigé par Abdulhamid Dbeibeh, de faire la passation de pouvoir au gouvernement nommé par le Parlement à Tobrouk (est), dirigé par Fathi Bachagha.
Le Comité militaire mixte réunit 5 membres du gouvernement, internationalement reconnu, et 5 membres des forces de Khalifa Haftar. "Nous annonçons (les représentants de Haftar au sein du comité militaire) la suspension de tous nos travaux jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites", indique le communiqué.
Les revendications, selon le communiqué, s’articulaient autour de la "cessation de la coopération avec ce gouvernement (dirigé par Dbeibeh), et ses composantes, qui travaillent toujours à ses côtés dans les zones sécurisées par les forces armées". Il a aussi appelé les membres du comité à "stopper les exportations de pétrole, fermer la route côtière et arrêter les vols entre l'est et l'ouest".
Les représentants de Haftar accusent Dbeibeh d'avoir pris "des mesures entravant les travaux du comité, - ce qui constitue un grave danger pour la sécurité nationale de notre pays -, et de pillage systématique et sans précédent des fonds libyens".
"Dbeibeh ne s'est pas conformé aux décisions légitimes rendues par le Parlement, a refusé de faire la passation au gouvernement de "stabilité nationale", dirigé par Fathi Bachagha, et a renié sa promesse de ne pas se présenter à l'élection présidentielle", poursuit le communiqué.
La Libye est en proie à une recrudescence de la scission politique, après l'installation par la Chambre des députés de Tobrouk (est) de Fathi Bachagha au poste de chef d'un nouveau gouvernement en lieu et place du gouvernement de Dbeibeh, qui refuse de transmettre le pouvoir qu’à une autorité résultante d'élections.
Pour justifier le maintien de son gouvernement, Dbeibeh use de l'argument que le Dialogue politique a déterminé, à 18 mois, la durée d'action du pouvoir exécutif intérimaire, soit jusqu'au 24 juin 2022.
Les Libyens craignent le spectre de la guerre, ainsi que l'utilisation de leur manne pétrolière à des fins politiques. Ils entretiennent tout de même l’espoir que des élections libres et équitables pourront enfin sortir le pays de la crise.