Les tribulations de Juan Branco, un pourfendeur de la françafrique
Critique de la Françafrique, défenseur de Kemi Seba et du panafricanisme, de Julian Assange et des “gilets jaunes”, l’avocat franco-espagnol et militant politique, Juan Branco, dit être dans le collimateur des puissants.
Maître Juan Branco, avocat au barreau de Paris, a défendu Kémi Séba, Ousmane Sonko, Julian Assange, les "gilets jaunes" entre autres... / Photo: Getty Images (Getty Images)

A la fois avocat, essayiste et militant politique, le Franco-Espagnol Juan Branco, 35 ans, s'est illustré ces dernières années par son engagement contre la Françafrique.

Il s’attaque aux liens politiques, diplomatiques, militaires, économiques et monétaires entre les pays africains et la France, sur fond de corruption, trafic d’influence et prédation.

En octobre dernier, il s’est manifesté en France par son engagement auprès du militant panafricaniste Kemi Seba.

Alors qu’il séjournait à Paris pour des conférences et des rencontres avec des activistes africains, le leader de l’ONG Urgences Panafricanistes avait été arrêté et détenu pendant 24 heures à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure).

Juan Branco expliquait alors aux journalistes que le militant panafricaniste Kemi Seba était poursuivi pour “intelligence avec une puissance extérieure, en vue de susciter des actes d’agression et d'hostilité à l'égard de la France et d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la France”.

Des délits assortis d’une peine de prison pouvant aller jusqu'à 30 ans de réclusion et une amende de 450 000 euros.

“La France veut faire payer à ce militant panafricaniste l’humiliation qu’elle a subie en Afrique, suite à l'effondrement du dispositif qui permettait l’enrichissement illicite des élites françaises”, lançait alors Juan Branco qui reprochait à la France la “criminalisation d’un opposant politique et d’un intellectuel (...) coupable d'avoir pensé“. Après 24 heures de garde à vue, Kemi Seba recouvrait la liberté sans poursuite à la clé.

Juan Branco et le dossier sénégalais

Fervent pourfendeur de la Françafrique et défenseur des causes panafricanistes, Juan Branco avait été arrêté, incarcéré et expulsé du Sénégal en août dernier, alors qu’il défendait Ousmane Sonko, leader de l’opposition au moment des faits.

Redouté par les présidents africains de la nébuleuse françafricaine, il a maille à partir avec Emmanuel Macron dont il critique la politique africaine.

“Lorsque les plus hautes autorités d’un pays, toutes nommées par la même personne, se regroupent pour exiger, en un même mouvement, l’élimination d’un simple avocat, défenseur des principaux opposants politiques du pays, c’est que quelque chose est en train de se jouer au sein de notre société”, écrit-il sur son compte X.

Une allusion aux problèmes judiciaires auxquels le jeune avocat est confronté actuellement en France. Il y voit une machination savamment montée pour le faire taire.

Sur mon enlèvement et ma détention en Mauritanie puis au Sénégal.

Posted by Juan Branco on Monday, December 9, 2024

En novembre dernier, le barreau de Paris l’a condamné à une suspension d’activité de trois ans – vingt-sept mois en sursis et neuf ferme – prononcée le 8 octobre par le conseil de l’ordre du barreau de Paris, pour violation du secret de l’instruction. Il a fait appel de cette condamnation, ce qui lui permet de continuer d’exercer.

Machination politique ?

En avril 2021, Juan Branco a en effet été accusé d’un viol qu’il nie, arguant avoir eu une relation consentie avec une jeune dame. Suivi ensuite par deux autres plaintes pour les mêmes faits en juin 2023. Contre-attaquant, l’avocat avait publié une série de tweets dont des extraits du dossier d’instruction et des photos des plaignantes.

Sur son compte X, l’avocat estime qu’il y a un complot politique et désigne nommément “Emmanuel et Brigitte Macron, Gérald Darmanin, Didier Lallement” aux côtés d’«oligarques» comme commanditaires.

“Avoir fait tomber le régime de Macky Sall, protégé le panafricaniste Kemi Seba, défendu depuis cinq ans des citoyens et des opposants se trouvant en France et dans ses anciennes colonies, si souvent gratuitement, ne saurait être pardonné”, conclut Juan Branco. A la justice française de se prononcer…

TRT Francais