Trois hôpitaux ont dû fermer leurs portes au sud du Liban. Un bombardement aux portes de l’hôpital public de Marjayoun a forcé l’établissement à suspendre ses activités. Deux autres hôpitaux du sud Liban ont fermé, l’un à cause de l’insécurité, l’autre faute de médicaments.
Les secouristes du Comité islamique de la santé, affilié au Hezbollah, ont été visés à plusieurs reprises à Beyrouth, dans la banlieue sud ou dans le sud du pays. Le comité a annoncé la mort de onze de ses secouristes.
Le coordinateur des opérations humanitaires pour le Liban de l’ONU, Imran Riza, déplore une “hausse alarmante des attaques contre les services de santé”.
Au-delà des bombardements, les hôpitaux libanais peinent à faire face à la crise.
Pourtant, l’ONU et plusieurs pays ont envoyé de l’aide médicale, ainsi dimanche 25 tonnes de médicaments sont arrivés à Beyrouth. Et dès janvier, le ministère de la Santé libanais organisait une cellule de crise. Il s’agissait de faire des stocks de médicaments, former les personnels à la gestion de blessés par balles ou dans un bombardement. Dans les quartiers, des sage-femmes et infirmiers ont reçu une formation aux premiers secours de blessés de guerre. Le plan d’urgence estimait qu’il pourrait y avoir jusqu’à 16 000 blessés. Selon un communiqué du ministère de la Santé libanais hier, on dépasse les 10 000 blessés et les 2 100 morts en une année de conflit.
L’aide internationale arrive mais n’est pas suffisante
Selon l’association catholique l’Oeuvre d’Orient, les hôpitaux publics reçoivent en priorité l’aide internationale, les hôpitaux privés qui représentent 85% des lits au Liban se battent pour soigner les blessés.
L’hôpital Geitaoui de Beyrouth fonctionne presque normalement. Toutes les opérations non urgentes sont annulées, “on a assez de médicaments mais on ne sait pas comment on va faire si la guerre dure” soupire le docteur Pierre Yared, directeur de l'hôpital.
Cet établissement dispose du seul service de soins aux grands brûlés de tout le Liban. Il a triplé sa capacité sur tout un étage pour pouvoir soigner les nombreuses victimes des bombardements parfois brûlées à 60 ou 70% mais les 25 lits ont été immédiatement occupés. Pierre Yared admet que l’aide arrive, “mais ça n’est pas suffisant car pour les brûlés on a besoin de plusieurs antibiotiques et il n’y en a pas assez dans ce qu’on a reçu.”
Le ministère de la Santé libanais prend en charge les coûts des soins des blessés de la guerre, mais il couvre la moitié des frais réels et paye avec un délai important, pour l'hôpital c’est un casse-tête financier, admet Pierre Yared. Le gouvernement a alloué onze millions de dollars pour couvrir les frais de santé des blessés mais selon le média libanais Ici Beyrouth, les factures des soins réalisées après l’explosion du port de Beyrouth n’ont toujours pas été payées.
La peur de manquer d’énergie
La peur principale finalement pour le directeur de l'hôpital Geitaoui, c’est un nouvel afflux important de blessés, “la journée du 23 au 24 septembre a été très dure (lorsque Israël a fait exploser les bipeurs et les talkies-walkies des personnels du Hezbollah), si ça recommence, on ne sait pas comment on va faire.” Par contre, le médecin ne craint pas un bombardement sur l’hôpital. “On ne reçoit que des civils, on est un hôpital chrétien et on reste apolitique”, glisse-t-il à la fin de l’interview.
Fin septembre, le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun tirait la sonnette d’alarme, les hôpitaux libanais ne pouvaient plus faire face car de nombreux patients nécessitent des semaines de soins. Les attaques du 23 et 24 septembre ont défiguré des gens, il a fallu reconstruire des visages, sauver des yeux, reconstituer des lèvres ou des membres déchiquetés.
Face à cette guerre, Sleiman Haroun est inquiet car deux points peuvent mettre à mal la capacité de soin des hôpitaux libanais: l’électricité et l’oxygène. Tous les hôpitaux ont des générateurs pour l’électricité tant les coupures de courant sont quotidiennes au Liban, mais si les bombardements endommagent une centrale électrique, les générateurs ne peuvent tourner 24h sur 24. Le coût de l’oxygène a énormément augmenté même avant la guerre, si certains hôpitaux publics libanais sont équipés de structures pour produire leurs propres ressources d’oxygène, le privé doit se le procurer.