Louis XIII avait une prédilection pour la chasse dont il partageait les joies avec ses favoris. Mais ce qui n’était qu’un lieu de distraction va être hissé à la dignité d’une œuvre d’art par Louis XIV (1638-1715). Par sa constance, le Roi-Soleil fera de Versailles une perle architecturale. Mais ce ne sera possible qu’après que sa mère, Anne d’Autriche avec le concours du cardinal Mazarin, aura eu raison de l’insubordination de la noblesse et des parlements, nommée « La Fronde » par les historiens. Après la mort du cardinal de Richelieu en 1642, le royaume sera confronté à une série de troubles graves : la noblesse et les parlements contestent l’autorité royale, cette fronde commençant comme de juste par le refus d’acquitter des impôts que le cardinal Mazarin, successeur de Richelieu, voulait instaurer. Une fois l’insurrection matée, Louis XIV exercera la plénitude de son pouvoir dès la disparition de Mazarin en 1661. On connaît la réaction de Louis XIV quand, à la disparition de Mazarin, on vint lui demander : « A qui faut-il désormais s’adresser pour la gestion des affaires du royaume ? « A moi », répondit-il laconiquement. Louis XIV, entendait imprimer sa marque personnelle sur la politique du royaume. Rien ne le montre mieux que les soins constants qu’il apportera à l’embellissement du château : « Dans l’intérieur de sa cour et de sa capitale, des arts plus nobles et plus ingénieux donnaient à la France des plaisirs et une gloire dont les siècles précédents n’avaient pas eu même l’idée » écrit Voltaire dans « Le Siècle de Louis XIV » rendant hommage au goût raffiné du Roi-Soleil.
Le château s’étendait sur plus de 800 hectares. En réalité, un ensemble de trois châteaux, deux écuries, de nombreux jardins et des parcs, et un certain nombre de dépendances formaient ce que nous appelons le « Château de Versailles ». Plus de mille personnes s’y activent actuellement pour en assurer l’entretien, en gérer l’administration et accueillir les très nombreux touristes et visiteurs qui se pressent à ses portes. A l’époque de Louis XIV, trois mille princes, ministres, courtisans et serviteurs y résidaient. Il est vrai que, dès 1682, Louis XIV y avait installé sa cour et le siège de son gouvernement.
Entré au service de Louis XIV en 1661, l’architecte Louis le Vau entreprit d’agrandir le château de façon substantielle et surtout d’envelopper les bâtiments du château primitif, afin de lui donner une allure conforme aux vœux de Louis XIV. L’architecte conçoit notamment pour le roi et la reine deux grands appartements symétriquement situés et qui « habillent » l’ancienne bâtisse. A dater de 1679, afin de loger les princes, des travaux de plus grande envergure sont entamés. On dote le château d’une aile qui reçoit le nom de « L’Aile du midi ». Pour des raisons liées au climat, la loggia de style italien est transformée en une immense galerie.
L’architecte Jules Hardouin Mansart, chargé de ces aménagements, réalisera la fameuse « Galerie des Glaces », salle d’apparat et de réception que Louis XIV fait visiter à ses hôtes afin de les impressionner et de les convaincre de l’étendue de sa puissance. Elle servira à l’occasion de salles de fêtes pour les mariages princiers. Mais quelque peu las de vivre sous tous les regards, Louis XIV demande à son architecte en chef de lui construire un petit château où il puisse se retirer et jouir des plaisirs de l’intimité. Ce sera chose faite avec le « Grand Trianon ». Le roi dira : « J’ai fait Versailles pour ma cour, Marly pour mes amis et le Trianon pour moi ». Mais pour un roi très chrétien ou qui se présentait comme tel, il manquait un lieu de culte.
Jules Hardouin Mansart en dessine les plans dès 1689. Cette chapelle sera une véritable œuvre d’art, tous ceux qui l’ont visitée en sont restés médusés. Elle ne sera achevée qu’en 1710, cinq ans avant la mort du roi. A l’extérieur, André le Nôtre véritable architecte du paysage, fera de Versailles le modèle accompli du jardin monarchique.
Louis XV apportera des modifications significatives au château. D’un tempérament plus réservé que son illustre prédécesseur, le nouveau souverain fera aménager, dès 1722, des appartements derrière le grand appartement de parade afin de se garantir davantage d’intimité. On accède à ces appartements par des portes dérobées passant imperceptiblement des salles officielles à des lieux plus discrets. En 1768, le roi Louis XV fait construire « L’Opéra royal » où il dispose d’une loge privée d’où il peut assister au spectacle.
Pour sa favorite, Mme de Pompadour, le roi fait bâtir un nouveau pavillon dit « Le Petit Trianon » aux décors champêtres à la mode de ce temps-là. Ce pavillon sera, à la disparition de Louis XV, offert à la nouvelle reine, Marie-Antoinette par son époux, Louis XVI. La nouvelle souveraine se préoccupe de faire décorer ces petits appartements et, en particulier, le fameux « Cabinet doré » où elle vivait entourée d’objets précieux et de meubles rares. Elle n’hésite pas à demander aux architectes de lui aménager un petit village normand dans le parc du « Petit Trianon » qu’elle nommera « Le Hameau » à l’inspiration bucolique.
Loin de Paris, tout occupés à ces jeux et à ces préoccupations artistiques, les deux jeunes souverains ne perçoivent pas les signes avant-coureurs de la bourrasque révolutionnaire qui, en quelques années, va emporter la monarchie absolue. Le 5 octobre 1789, des milliers de femmes aux cris de « Du pain! Du pain! » se rendent à Versailles. Cette foule surexcitée exige le retour à Paris de la famille royale. D’abord prisonniers, le roi et la reine seront exécutés en 1793. Une page se tournait dans le destin du château; c’en était fini de Versailles colonne vertébrale de la monarchie et siège du pouvoir.