Le Burundi a décidé de fermer sa frontière avec le Rwanda, alors que les relations tendues entre les deux pays amorçaient déjà une timide normalisation depuis 2021.
Selon le Burundi, le groupe RED-Tabara (Résistance pour un État de Droit au Burundi) a lancé une attaque le 22 décembre près de la frontière avec la République démocratique du Congo, tuant 20 personnes dont des femmes et des enfants.
RED-Tabara avait revendiqué la responsabilité de l'attaque de décembre dans un message sur X, affirmant avoir frappé un poste frontière et tué neuf militaires et un policier. Dans un autre message sur X publié le 30 décembre, le groupe avait nié avoir tué des civils, affirmant "n'être soutenu par aucun pays" et n'avoir "que le soutien du peuple burundais."
"Après avoir constaté que nous avions un mauvais voisin, Paul Kagame (...), nous avons arrêté toute relation avec lui jusqu'à ce qu'il revienne à de meilleurs sentiments", a déclaré le ministre burundais de l'Intérieur, Martin Niteretse, soutenant que le voisin rwandais "héberge les criminels qui nuisent aux Burundais".
"Le Rwanda regrette la fermeture unilatérale de la frontière par le Burundi", ont rapidement réagi dans un communiqué les autorités rwandaises, précisant que "cette malheureuse décision restreindra la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays et violera les principes de coopération régionale et d'intégration de la Communauté d'Afrique de l'Est".
RED-Tabara, principal groupe armé combattant le régime dirigé par M. Ndayishimiye a une base dans la province du Sud-Kivu, à l'est de la RDC. Il est aujourd'hui le plus actif des groupes rebelles du Burundi, avec une force estimée entre 500 et 800 combattants.
Le Burundi, ce petit pays des grands lacs de 27 834 kilomètres carrés avec de 12 millions d’habitants (d’après les statistiques de 2021) a obtenu son indépendance de la Belgique le 1er juillet 1962. Depuis l’assassinat de Melchior Ndadaye, le président démocratiquement élu, le pays est plongé dans une crise politique majeure.
La volonté de Pierre Nkurunziza ( mort en 2020) d’aller au-delà de deux mandats constitutionnels de cinq ans dès 2015, a embrasé le pays et suscité des mouvements rebelles comme le RED-Tabara (Résistance pour un État de Droit au Burundi). Une organisation qui, d’après le président burundais Evariste Ndayishimiye, bénéficie du soutien rwandais, entre autres.
"Ces groupes armés ont été abrités et ont reçu des aides en termes de nourriture, d'hébergement et aussi d'argent du pays qui les accueille. Je veux parler du Rwanda", avait affirmé fin décembre le président burundais.
L’est de la RDC, terreau des rebelles
Comme beaucoup de groupes rebelles du Burundi et de la sous-région, le Red-Tabara opère depuis l’est de la République Démocratique du Congo. Un “pays continent” de 2,345 kilomètres carrés (plus de trois fois la France) qui a du mal à contrôler ses frontières. L’est de la RDC est devenu ainsi le terreau de nombreuses rébellions qui écument les pays des grands lacs.
Le Rwanda accuse régulièrement la RDC d’abriter d’anciens soldats regroupés au sein des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) qui avaient participé au génocide de 1994. En 2009, des soldats rwandais sont entrés dans l’est de la République démocratique du Congo pour traquer, avec l'armée congolaise, des rebelles rwandais réfugiés dans l'est de la RDC depuis le génocide de 1994.
Pour Kigali, c’est une menace majeure pour sa sécurité et une pomme de discorde avec Kinshasa, accusé de ne pas faire assez contre ces “opposants armés”. Pire, le Rwanda accuse aujourd’hui, l’armée congolaise de collusion avec les rebelles des FDLR.
De son côté, la RDC s’appuyant aussi sur un rapport des Nations unies, entre autres preuves, assure que le Rwanda entretient l’instabilité dans l’est de son territoire, en parrainant notamment la rébellion du M23.
Excédé par cette situation, le président de la RDC Félix Tshisekedi a promis, au cours de la récente campagne électorale, de déclarer la guerre au Rwanda le moment venu.