Les autorités suisses ont libéré et expulsé le journaliste palestino-américain Ali Abunimah après l'avoir détenu pendant trois jours.
Le directeur exécutif de la publication Electronic Intifada a suggéré, lundi, dans un article sur les réseaux sociaux que la Suisse l'avait détenu en raison de son plaidoyer en faveur des droits des Palestiniens.
“Mon crime ? Être un journaliste qui parle en faveur de la Palestine et contre le génocide et la sauvagerie coloniale d’Israël et contre ceux qui l’aident et l’encouragent”, a-t-il lancé.
Abunimah a été arrêté samedi à Zurich avant de prononcer un discours dans la ville, suscitant l'indignation des défenseurs des droits palestiniens.
Dimanche, l’agence de presse Reuters a rapporté que la police suisse avait cité une interdiction d’entrée et d’autres mesures en vertu de la loi sur l’immigration du pays comme raison de l’arrestation d’Abunimah.
Le journaliste palestino-américain a, pour sa part, déclaré avoir été accusé lors de son interrogatoire d'”infraction à la loi suisse”, sans fournir de charges précises.
Il a indiqué avoir été “coupé de toute communication avec le monde extérieur, dans une cellule 24 heures sur 24”. Le journaliste palestinien a ajouté qu’il n’a pas eu de possibilité de contacter sa famille et qu'on ne lui avait restitué son téléphone qu'à la porte d'embarquement de l'avion qui l'emmenait à Istanbul.
Abunimah a souligné, dans son post, que pendant la période de sa détention comme un “dangereux criminel”, la Suisse avait accueilli le président israélien Isaac Herzog au Forum économique mondial de Davos.
“Cette épreuve a duré trois jours, mais ce goût de prison était plus que suffisant pour me laisser encore plus impressionné par les héros palestiniens qui endurent des mois et des années dans les prisons de l’oppresseur génocidaire”, a déclaré Abunimah.
Atteinte à la liberté d’expression
Des experts des Nations unies ont dénoncé la détention d’Abunimah comme étant une atteinte à la liberté d’expression.
Samedi, Irene Khan, rapporteuse spéciale de l'ONU pour la liberté d'opinion et d'expression, a qualifié l'arrestation d'Abunimah de “nouvelle choquante”, appelant à sa libération.
Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies sur les droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés, a également demandé une enquête sur l'incident.
“Le climat entourant la liberté d’expression en Europe devient de plus en plus toxique et nous devrions tous nous en inquiéter”, a écrit Albanese dans un message sur les réseaux sociaux.
La détention d’Abunimah intervient dans un contexte de répression accrue des voix pro-palestiniennes en Europe, dans le contexte de la guerre contre Gaza, que les experts de l’ONU ont comparée à un génocide.