Le président russe, au pouvoir de fait depuis 1999, présente de plus en plus fréquemment l'"opération militaire spéciale" qu'il a lancée le 24 février en Ukraine comme un tournant dans l'histoire de la Russie.
Dans un discours prononcé lors du Forum économique oriental, à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe, Vladimir Poutine a souligné le contraste à ses yeux entre un Occident en déclin et une Asie en plein essor, vers laquelle la Russie entend se tourner.
A la question d'un modérateur lui demandant si la Russie n'avait rien perdu avec ce conflit, Vladimir Poutine a répondu que son pays en avait au contraire tiré des gains et en sortirait régénéré.
"Nous n'avons rien perdu et ne perdrons rien", a-t-il dit. "Tout ce qui est inutile, néfaste et tout ce qui nous empêche d'aller de l'avant sera rejeté."
"En termes de ce que nous avons gagné, je peux dire que le gain principal a été le renforcement de notre souveraineté, et c'est la conséquence inévitable de ce qui se passe maintenant", a-t-il poursuivi. "Au bout du compte, cela renforcera notre pays de l'intérieur."
Vladimir Poutine a néanmoins reconnu que le conflit avait entraîné "une certaine polarisation" à la fois dans le monde et en Russie.
L'OCCIDENT LUTTE EN VAIN CONTRE LE COURS DE L'HISTOIRE, DIT POUTINE
Le président russe a envoyé en février des dizaines de milliers de soldats en Ukraine pour réduire les capacités militaires de ce pays et y déloger du pouvoir ce qu'il considère comme de dangereux nationalistes.
L'offensive russe a aussi entraîné un important renforcement de l'Otan sur son flanc Est et incité la Suède et la Finlande à demander leur adhésion à l'Alliance atlantique, alors même que l'intervention en Ukraine était censée, pour Vladimir Poutine, empêcher une expansion de cette alliance militaire formée autour des Etats-Unis.
Vladimir Poutine a aussi minimisé l'impact des sanctions économiques qui privent l'industrie russe de composants essentiels, comme les semi-conducteurs, empêchent les banques d'avoir accès aux systèmes de paiements internationaux et ont entraîné le départ de milliers d'entreprises occidentales.
L'économie russe devrait se contracter d'"environ 2% ou un peu plus" cette année mais avec un budget de l'Etat en excédent, a-t-il dit.
Vladimir Poutine, qui aura 70 ans en octobre, a déclaré en juillet aux pays occidentaux que les choses ne faisaient que débuter en Ukraine et il a mis au défi les Etats-Unis de tenter de vaincre la Russie.
Il a jugé mercredi que l'Occident était en train d'échouer avec sa tentative vaine et agressive d'isoler la Russie avec des sanctions, qui ne font que nuire à l'économie mondiale alors que l'Asie est en train d'émerger comme la puissance d'avenir.
"Je parle de la fièvre de sanctions de l'Occident, avec sa tentative éhontée, agressive d'imposer des modèles de comportements aux autres pays, de les priver de leur souveraineté et de les soumettre à leur volonté", a dit le président russe.
"Dans une tentative de résister au cours de l'Histoire, les pays occidentaux sapent les piliers fondamentaux du système économique mondial bâti au cours des siècles", a-t-il poursuivi, en affirmant que la confiance dans le dollar, l'euro et la livre sterling était en train de s'effriter.
Parmi les personnalités présentes à Vladivostok figure Li Zhanshu, président du comité permanent de l'Assemblée populaire nationale (APN) chinoise et considéré comme le numéro trois du Parti communiste chinois.
Vladimir Poutine doit rencontrer son homologue chinois Xi Jinping la semaine prochaine en Ouzbékistan.