La Russie mène des exercices militaires avec des tirs de missiles en mer Noire
La Russie a annoncé vendredi avoir mené des exercices militaires avec des tirs de missiles en mer Noire, théâtre de tensions croissantes avec l'Ukraine et ses alliés depuis l'expiration d'un accord céréalier crucial pour l'alimentation mondiale.
La Russie mène des exercices militaires avec des tirs de missiles en mer Noire / Photo: AFP (AFP)

Selon le ministère russe de la Défense, des navires de la flotte russe ont tiré des missiles de croisière antinavires "sur un bateau cible dans la zone d'entraînement au combat dans la partie nord-ouest de la mer Noire". "Le bateau cible a été détruit à la suite de la frappe de missile", a ajouté la même source.

La Russie avait affirmé mercredi qu'elle allait considérer dès jeudi les navires se rendant vers l'Ukraine via la mer Noire comme de "potentiels bateaux militaires" et les pays dont ils battent le pavillon comme parties prenantes au conflit.

Les tensions se sont ravivées dans cette zone depuis l'abandon cette semaine par Moscou de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Cet accord avait permis aux cargos chargés de céréales de quitter les ports en empruntant des couloirs maritimes protégés.

Le ministère russe de la Défense a également indiqué que l'aviation de la flotte, de concert avec des navires, a "travaillé à des actions pour isoler la zone temporairement fermée à la navigation".

Par ailleurs, Moscou a indiqué vendredi avoir procédé avec Pékin à un exercice conjoint en mer du Japon, au cours duquel les forces des deux pays "se sont entraînées à repousser une attaque provenant d'une petite cible évoluant à grande vitesse", selon l'agence publique russe TASS.

"Effet négatif"

En réponse à la nouvelle politique de Moscou, l'Ukraine avait averti jeudi qu'elle traiterait les bateaux se dirigeant vers les ports contrôlés par Moscou comme de potentiels transporteurs de matériels militaires "avec tous les risques associés".

Les villes portuaires ukrainiennes de Mykolaïv et d'Odessa, sur la mer Noire, ont subi des frappes russes dans la nuit de mercredi à jeudi, "fermement" condamnées par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Au moins trois personnes sont mortes et plus de vingt ont été blessées dans ces frappes de drones et de missiles, selon des responsables.

"Nous voyons déjà l'effet négatif sur les prix mondiaux du blé et du maïs, ce qui fait souffrir tout le monde, en particulier les populations vulnérables dans les pays du Sud", a indiqué le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric.

Kiev accuse Moscou de viser spécifiquement ses infrastructures portuaires, afin d'empêcher toute reprise éventuelle des exportations de céréales.

L'armée russe a affirmé jeudi ne viser que des cibles militaires, assurant avoir détruit des sites de production et de stockage de drones navals à Odessa et des dépôts de munitions et de carburant à Mykolaïv.

Dénonçant les entraves au commerce de ses propres engrais et produits agricoles, la Russie s'est retirée depuis mardi de l'accord signé en juillet 2022, assurant être prête à revenir à l'accord si ses demandes étaient réalisées "dans leur totalité".

Kiev a demandé la mise en place de "patrouilles militaires" navales sous mandat de l'ONU, sans réponse jusqu'à présent.

Armes à sous-munitions

Sur le terrain, Kiev a commencé à utiliser les armes à sous-munitions controversées livrées par les Etats-Unis, a indiqué la Maison Blanche, au moment où l'Ukraine cherche à donner de l'élan à sa contre-offensive contre les forces russes.

Dans un entretien diffusé début juillet par la chaîne CNN, le président américain Joe Biden avait confié avoir pris une "décision très difficile" en livrant ces armes à l'Ukraine, justifiant cela par le fait que Kiev est "à court de munitions".

Les forces ukrainiennes "les utilisent de manière appropriée. Elles les utilisent efficacement et elles ont réellement un impact sur les formations défensives russes et les manœuvres défensives" de Moscou, a déclaré aux journalistes John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche.

Les armes à sous-munitions peuvent disperser jusqu'à plusieurs centaines de petites charges explosives, capables de rester non explosées dans le sol et créant un risque pour les civils après la fin d'un conflit.

Elles sont interdites par de nombreux pays, notamment européens, signataires d'une convention signée à Oslo en 2008 et à laquelle ni la Russie, ni les Etats-Unis, ni l'Ukraine ne sont parties.

"En Russie, il y a une bonne réserve d'armes à sous-munitions", avait souligné le président Poutine, dans une interview à la chaîne de télévision publique "Rossia-1", diffusée dimanche, menaçant de les employer sur le front si Kiev utilisait ce type d'armement.

Les soldats ukrainiens accusent Moscou d'utiliser ces munitions controversées depuis le début du conflit.

Les combats se concentrent actuellement dans l'est de l'Ukraine où les deux armées se font face, sans progrès significatifs.

AFP